Histoire de l’écriture

INTRODUCTION

Pourquoi l’écriture ?

Le début de l’écriture est lié à la naissance d’un pouvoir fort et centralisé : développement des échanges liés à la naissance des villes et de l’État en Mésopotamie, formation d’une nation autour d’un souverain en Égypte, contexte religieux en Chine, besoin d’un calendrier d’État en Mésoamérique.

Une écriture devenue indispensable comme moyen de communication

Calculis
Enveloppe scellée avec traces de calculii – Photo Cdli

L’écriture est devenue un véritable « besoin » avec le développement d’un système de société hiérarchisée, l’existence d’un pouvoir centralisé, l’émergence des religions.

L’écriture n’est pas une invention technique comme une autre. Par elle les hommes détiennent un pouvoir nouveau, celui de transcender l’espace et le temps, celui de voir la parole. Ils peuvent désormais écrire leur propre histoire. C’est pourquoi elle apparaît au travers des récits mythiques comme chargée d’une énergie divine.

 

 

Les temples, centres de pouvoir religieux mais aussi administratif, vont devoir s’organiser, comptabiliser et mesurer. Les échanges commerciaux entre villes et contrées  se multipliant, il faudra formaliser les actes de ventes. Les « calculis »  (voir ci-dessus), ancêtres  de nos factures, vont assez vite être remplacés par des  tablettes d’argile dont le format va permettre d’indiquer le propriétaire d’un  bien, et d’inventorier la totalité des marchandises.

L’écriture est née il y a 6000 ans dans deux contrées voisines, la Mésopotamie et l’Égypte, de manière presque simultanée mais différenciée. Si les hiéroglyphes égyptiens et les pictogrammes sumériens sont tous les deux formés de petites images, celles-ci sont totalement propres à leur région.

Les calculis Pour faciliter les échanges commerciaux, les marchands utilisaient de petits objets en terre cuite qui représentaient la marchandise accompagnée. Valeurs des calculis : le petit cône valait 1, la petite boule 10, le grand cône 60 et le grand cône percé 600. Pour « sceller » la transaction, ces figurines étaient enfouies dans une masse d’argile arrondie.

Hiéroglyphes antiques de l’Egypte dans le temple de karnak                            ID 24213110 © Mikhail Kokhanchikov | Dreamstime.com
Tablette pictographique précunéiforme
Tablette pictographique précunéiforme                                                        | Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /      Franck Raux

Les premiers écrits viennent de Mésopotamie

6000 Avant JC La première écriture analytique

Tablette argile Uruk III
Tablette en argile Uruk III Date de fabrication : Uruk récent (fin IVe mill. Uruk III (?)) (-3500 – -3100). Musée du Louvre

C’est dans les restes des temples des cités d’Uruk et de Lagash (le Pays de Sumer, l’actuel Irak) qu’on retrouve les premières traces d’écriture. Elles sont datées de 3300 ans avant JC. Les sumériens utilisaient des roseaux taillés en pointe (les calames) pour tracer les signes sur des tablettes d’argile.
Cette écriture était composée de pictogrammes ou signes représentant un seul mot ou concept. On a évalué que cette écriture était constituée de plus de 1500 représentations. Les sumériens utilisaient l’écriture pour la rédaction de livres de comptabilité et dénombraient ainsi les possessions du temple comme les sacs de grains, les têtes de bétail…
Pour certains « mots » les sumériens inventaient des idéogrammes en mélangeant deux pictogrammes…

5 700 Avant JC: Le cunéiforme

calame

Elle est dite « cunéiforme », car en forme de clous ou de coins, et est imprimée par l’intermédiaire d’un calame (outil en roseau dont la pointe est triangulaire) sur une tablette en argile humide.

Pour être utilisable, le roseau doit être séché. Cette opération se fait en le maintenant à une température    constante (dans du fumier par exemple), où il perd son eau, et durcit ; de couleur blanchâtre quand il est     récolté, il devient brun-rouge, clair ou foncé, même parfois noir, selon le type de roseau.

Lorsque le roseau est sec, il est taillé, en le plaçant dans la paume de la main et en le coupant en biseau    avec un couteau jusqu'à ce que le bord ait la forme désirée. L'extrémité ainsi obtenue est ensuite ajustée en  fonction de la largeur de bec souhaitée. Enfin, l'extrémité du bec est fendue de quelques centimètres, puis coupée en biseau sur une plaquette à coupe (« makta » chez les ottomans) pour obtenir un angle d'écriture adapté à la main du scribe.

Le calame est retaillé régulièrement car l'extrémité du bec en contact avec le papier s'use rapidement.
Les supports de l’écrit
L’argile est la matière première qui abonde en Mésopotamie,
le long des berges des fleuves Euphrate et Tigre.
L’écriture s’effectue sur les tablettes d’argile à l’aide d’un
poinçon ou d’un calame en roseau à la pointe triangulaire, laissant une trace en forme de coin.
Fabrication du papyrus. Photographie Andy Polaine, 2009.    Licence Creative commons.
Le papyrus est fabriqué en Égypte depuis 2500 ans environ avant
Jésus-Christ. Il est obtenu en entrecroisant, sur deux couches,
de fines tranches tirées de la tige de la plante. L’ensemble est martelé jusqu’à la formation d’une feuille d’un seul tenant, le suc de la plante dégagé par le martelage faisant office de liant. L’assemblage des feuilles aboutit à des rouleaux dont la longueur est variable.
Le parchemin semble provenir de Pergame, ville d’Asie mineure, au IIe siècle avant Jésus-Christ. Sa fabrication était destinée à remplacer le papyrus. Plus solide, plus lisse, utilisable  recto et verso, il reste jusqu’à la fin du Moyen Âge le principal support de l’écriture et de
la calligraphie en Occident.
On l’utilise en Europe à partir du VIIe siècle. Il est fait à   partir de peau de mouton, de chèvre ou de veau et nécessite une préparation longue et fastidieuse. Utilisé d’abord sous forme de rouleau (volumen), les feuilles de parchemin sont ensuite coupées et réunies en cahiers cousus ensemble pour former le codex,  l’ancêtre du livre.

LL’histoire du papier : des origines à aujourd’huie papier
Inventé par les Chinois au IIe siècle de notre ère, le papier est fabriqué à partir de diverses matières végétales : bambou, chiffon de chanvre et de coton.
Le processus de fabrication est resté secret jusqu’au VIIIe siècle.
Sa diffusion arrive en Occident, grâce aux Arabes qui mettent en place une véritable industrie papetière.
Les Chinois fabriquent le papier à partir de fibres  de lin, de chanvre ou d'écorce de mûrier à papier. La xylographie augmente la production de papier, qui se diffuse aux pays voisins, notamment au Japon. Les Arabes installent à Samarcande des papetiers chinois prisonniers de guerre au milieu du VIIIe siècle et cette ville devient un centre de production. L'utilisation de chiffons mis au « pourrissoir » (cuves) où ils macéraient pendant plusieurs semaines avant leur pilonnage par la  pile à maillets dans des moulins à eau, l'encollage puissant, adapté pour l'usage  du calame, viennent de la papeterie arabe.

 

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Kitāb ṣuwar al-kawākib al-thābitah كتاب صور الكواكب الثابتة Ṣūfī, ʻAbd al-Raḥmān ibn ʻUmarصوفى، عبد الرحمن ابن عمر -190images- Ref: Or 5323 The record is made up of Codex ; ff. iii+86+ii. It was created in 1260-1280. It was written in Arabic. The original is part of the British Library: Oriental Manuscripts.
Caravane de pèlerins à Ramleh (31e Maqamat)
Caravane de pèlerins à Rameleh-Peinture du manuscrit des Maqalat El-Hariri 1236-1237 Mahmud Al Wasiti BNF. Directmedia Publishing GmbH
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                                                               Samarcande

C’est en juillet 751 qu’un événement majeur va modifier l’histoire du papier : la victoire des troupes abbassides sur les troupes chinoises de la dynastie Tang pour le contrôle de la région d’Asie Centrale à Talas (al-atlakh), près de Samarcande.

Empire arabe contre Empire chinois ? La Bataille de Talas (751) - YouTubeLa bataille de Talas est une date symbolique à plusieurs titres : jamais des forces musulmanes n’iront plus à l’est de la rivière Talas, tout comme aucune troupe chinoise n’ira jamais plus à l’ouest. De plus, de nombreux prisonniers chinois furent vendus comme esclaves à Samarcande, Bagdad et Damas. Parmi ces prisonniers, certains connaissaient des techniques chinoises encore tenues secrètes : le papier et la soie. L’utilisation de la fabrication du papier va alors se diffuser dans tout l’empire abbasside, avec la diffusion du Coran et des ouvrages de science et de littérature. On peut affirmer que la révolution du papier permit le développement de l’âge d’or islamique.

Image de recherche visuelle
Catalogue des étoiles fixes, par ʿAbd al-Raḥmân al-Ṣoûfî. Catalogue des étoiles fixes, par ʿAbd al-Raḥmân al-Ṣoûfî. — 1770 — manuscrits Gallica BnF

C’est à partir de là que, grâce à la profusion de chanvre et de lin, deux matières premières particulièrement adaptées à la fabrication du papier, la production de ce matériau s’est répandue dans d’autres cités asiatiques, notamment à Bagdad et à Damas. Le processus de fabrication du papier suivi par les artisans arabes comprenait l’effilage et la macération de chiffons dans l’eau jusqu’à obtention d’une pâte homogène dans laquelle on plongeait un tamis qui retenait les fibres macérées en laissant s’évacuer l’eau. Les feuilles obtenues étaient ensuite pressées et séchées, puis recouvertes d’une pellicule d’amidon de riz afin de les rendre plus réactives à l’encre. À la même période, l’Égypte et l’Afrique du Nord commencent elles aussi à produire leurs premières feuilles de papier en reproduisant les techniques de fabrication du monde arabe. Les techniques arabes se diffusent en Europe occidentale, par l’Espagne musulmane et par l’Italie commerçante. Au XIIIe siècle des marchands de Fabriano commencent à produire par leurs propres moyens. Malgré la résistance des institutions, dont les maîtres préfèrent le parchemin, les moulins à papier prolifèrent, et la collecte du linge usagé, qui en est la matière première, devient l’occupation des chiffoniers. La pile à maillets raffine les chiffons en un à trois jours. Les papetiers italiens introduisent le filigrane et expérimentent avec de nouvelles matières, le chiffon se faisant rare au regard de la demande croissante de papier, avec la diffusion de l’imprimerie.

La diffusion se fera très vite sur la route du papier et de la soie et le pourtour méditerranéen : 50 ans après, vers 794-795 le papier se fabrique à Bagdad sous le règne d’Haroun al-Rachid, puis à Damas et à Tibériade vers 1046 – on parle alors de papier de Tripoli ou de Damas, et sa qualité est considérée comme meilleure que le papier de Samarcande – au Caire avant 1199 où il est utilisé comme emballage de marchandise, et au Yemen au début du XIIIe siècle.

Dans le même temps, plusieurs fabriques de papier s’installent à leur tour en Afrique du Nord – on recense ainsi à Fès au Maroc 104 fabriques de papier avant 1106, et 400 meules à fabriquer du papier entre 1221 et 1240 – et dans l’Espagne andalouse – à Jativa, près de Valence, en 1054 et à Tolède en 1085.

La diffusion du papier provoque une profonde révolution culturelle : jamais les connaissances n’avaient été diffusées avec une telle ampleur, une telle rapidité et pour un moindre coût. Cet essor accompagne l’âge d’or islamique : des milliers d’œuvres sont dorénavant disponibles dans les bibliothèques des grands centres intellectuels tout comme dans les plus humbles madrasas de province ou les plus petites mosquées.

Image illustrative de l’article Cunéiforme
Par Bjørn Christian Tørrissen — Own work by uploader, http://bjornfree.com/galleries.html, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8296178

Une grande inscription cunéiforme trouvée sur le côté sud de la colline du château de Van, à quatre kilomètres à l’ouest de l’actuelle Van, dans l’est de la Turquie. Elle mesure plusieurs mètres de haut et de large, elle a 25 siècles et le message vient du roi perse Xerxès. En vieux persan, babylonien et élamite, il est dit (en gros): « Ahuramazda est le grand dieu, le plus grand dieu qui a créé le ciel et créé la terre et créé les humains

Le cunéiforme a été un élément marquant des cultures du Proche-Orient ancien qui ont développé un rapport à l’écrit et des littératures à partir de ce système.

Les formes stylisées vont disparaître, elles vont être remplacées par l’écriture cunéiforme. Les sumériens vont prendre l’habitude de travailler différemment leurs calames : ils vont les tailler en biseau. En les enfonçant dans l’argile, l’empreinte avait une forme de « clou » d’où on a tiré le nom cunéiforme.
Sumerian Cuneiform - Download From Over 45 Million High Quality Stock ...On a évalué que cette écriture étaient composée de seulement 600 signes.
Ces signes (non figuratifs) vont évoluer vers la représentation d’un son : le phonétisme. Ainsi, en associant une suite de sons, on va pouvoir écrire un mot : l’image du « chat » suivie de l’image du « pot » peuvent exprimer le mot « chapeau »…C’est l’ancêtre du rébus !
Pour aider à la lecture les sumériens utilisaient également des déterminatifs qui permettaient d’indiquer le genre ou le contexte des mots employés.

Le code de Hammourabi

Les premiers signes de la loi du talion sont trouvés dans le Code de Hammurabi, en 1730 avant notre ère, dans le royaume de Babylone.

Cette loi permet ainsi d’éviter que les personnes fassent justice elles-mêmes et introduit un début d’ordre dans la société en ce qui concerne le traitement des crimes.

TALION : vengeance qui consiste à faire subir à l’offenseur un dommage identique à celui qu’il a causé.
La loi du Talion est souvent symbolisée par « œil pour œil, dent pour dent » 
(Encyclopédie Hachette 2001)

Hammurabi 
Hammurabi

Hammourabi ou Hammurabi est le sixième roi de Babylone au XVIIIe siècle av. J.-C. (1792-1750). Hammurabi est un roi de Babylone, faisant partie de la première dynastie babylonienne, régnant de 1792 av. J.-C. à sa mort en 1750 av. J.-C. Il succède à son père, Sin-muballit. Par des faits de guerre, il étend son royaume dans les régions de Sumer et d’Akkad (au nord et au sud de Babylone) et il développe une législation exceptionnelle dont le « Code de Hammourabi » en est le témoin.

Résultat d’images pour Roi HammourabiHAMMURABI statue - 3d print | CGTrader Hammourabi était le sixième empereur des Amorites, et il hérita du trône de son père, Sin-Muballit. Il est né dans la ville de Babylone en 1810 avant JC, aujourd’hui l’Irak. Sa contribution au développement de Babylone a été remarquable.

Hammurabi a étendu son empire des vallées fluviales du Tigre et de l’Euphrate et a gouverné l’empire entier avec force et détermination. Hammurabi a été honoré au deuxième millénaire av. J.-C. au dessus de tous les autres rois et a été déclaré dieu vivant, d’où son nom commun Hammurabi-ili, qui signifie  » Hammurabi est mon dieu « . Hammurabi est connu pour ses trois contributions exceptionnelles qui ont duré longtemps après sa mort : Il a apporté la victoire dans la guerre, il a développé la justice, et il a établi la paix dans tout l’empire.

Code of Hammurabi (by Larry Koester, CC BY)
La stèle de Hammurabi

http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/code-de-hammurabi-roi-de-babylone

Hammourabi, debout à gauche, reçoit l’insigne royal des mains de Marduk/Shamash, dieu de Babylone, en faisant signes de prières.

Relief se trouvant sur la partie supérieure de chaque pilier contenant le code de loi d’Hammourabi dans toutes les villes de son royaume. Conservé au Louvre.

Roi et législateur emblématique de l’une des premières civilisations du monde.

babylone 
la ville de Babylone

La majeure partie du développement de la ville de Babylone s’est faite sous le règne d’Hammourabi. Babylone a été la première ville à avoir 200.000 personnes vivant ensemble en même temps, et tandis que d’autres empereurs ont aidé à construire cette population, la contribution d’Hammurabi a été sans doute la plus grande de toutes. Grâce à ses importants travaux de construction, il a donné à Babylone un nouveau look qui a attiré de nombreuses personnes à s’y installer et à jouir d’un niveau de vie qu’elles n’avaient jamais connu auparavant.

Une grande partie de ce que nous savons de la vie quotidienne des citoyens babyloniens provient de 55 lettres probablement écrites par Hammurabi lui-même. Il y parle des défis qu’il a dû relever pour gouverner l’empire, comme la façon de faire face aux inondations et les précautions à prendre en ce qui concerne le calendrier babylonien.

Le Code de Hammurabi était un ensemble de 282 lois inscrites dans la pierre par le roi de Babylone Hammurabi (r. 1795-1750 av. JC) qui conquit puis régna sur l’ancienne Mésopotamie. Bien que son code de droit n’ait pas été le premier, il était le plus clairement défini et influença les lois de nombreuses autres cultures.

Code d’Ur-Nammu

Law Code of King Ur-Nammu
1901. Code de droit du roi Ur-Nammu Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

 

Le premier code législatif mésopotamien fut le Code d’Urukagina (ou Uruinimgina vers le 24e siècle av. JC), qui n’existe aujourd’hui qu’en fragments. Le Code d’Ur-Nammu, bien qu’il soit également fragmentaire à l’heure actuelle, reste suffisamment cohérent pour donner une compréhension claire de ce que les lois abordent. Les lois furent écrites en cunéiformes sur des tablettes d’argile et suivent un modèle peut-être établi pour la première fois par le Code d’Urukagina qui influencerait également les lois ultérieures d’Eshnunna (c. 1930 av. JC), le code du roi Lipit-Ishtar (r. c. 1870 – c. 1860 av. JC) et celui de Hammurabi.

Le premier ensemble de lois existant en ancienne Mésopotamie est le Code d’Ur-Nammu (alias Ur-Namma) datant d’environ 2100-2050 avant notre ère et établit dans la ville d’Ur soit par le roi Ur-Nammu (r. 2047-2030 av. JC), soit par son fils Shulgi (r. 2029-1982 av. JC). Ces lois furent rédigées par un roi qui régnait sur une population homogène et se basaient sur une compréhension usuelle de ce que l’on attendait des citoyens. Au moment du règne de Hammurabi, la population était plus diversifiée, et son code de droit reflète cela dans sa précision pour s’assurer que tout le monde comprenait ce qu’on attendait d’eux.

Le code de lois d’Hammourabi, un recueil de 282 règles, a établi des normes pour les interactions commerciales et fixé des amendes et des peines pour répondre aux exigences de la justice. Le code d’Hammourabi a été gravé sur une stèle massive en pierre noire en forme de doigt (pilier) qui a été pillée par des envahisseurs et finalement    redécouverte en ont été exhumés par Gustave Jéquier et Louis-Charles Watelin en décembre 1901 et en janvier          1902 à Suse, ancienne capitale de l’Élam, de nos jours située dans le Sud-Ouest de l’Iran.

L’écriture commence en Égypte avec les hiéroglyphes 5000 Avant JC les premiers hiéroglyphes

 

On a commencé à retrouver des documents où figurent des hiéroglyphes qui ont été datés de 3000 ans avant J-C.

On suppose que l’écriture hiéroglyphique est plus ancienne que cette datation.

Les premiers écrits comportent déjà des retransmissions de langue parlée mais ils abordent aussi de nombreux aspects de la civilisation égyptienne : pharmacologie, actes administratifs, éducation…

Cette écriture n’a pas pu se développer aussi complètement en quelques années… l’origine n’est donc pas encore retrouvée mais certainement plus ancienne.

Hieroglyphes sur une paroi de Nekheb en Egypte .
Ces hiéroglyphes représentent deux jaribus d’Afrique avec un ibis chauve au milieu, et une tête de taureau. Photo © YALE UNIVERSITY

On a déterminé 3 sortes de signes dans les textes anciens :
– les pictogrammes, seuls ou en combinaison pour représenter une chose ou une idée,
– les phonogrammes, qui expriment un son,
– les déterminatifs qui aident le lecteur pour la compréhension du texte, en classifiant les 2 sortes de signes précédentes.

Trois systèmes d’écritures coexistent dans l’Égypte antique :

  • Le plus ancien est celui des hiéroglyphes, apparu presque en même temps que l’écriture cunéiforme à la fin du 4e millénaire. Utilisé jusque dans les premiers siècles de l’ère chrétienne (la dernière inscription datée connue se trouve sur un temps de Philae et remonte à 394 ap. J.-C.), il possède un caractère monumental et sacré, et est souvent utilisé dans la pierre ou des matériaux précieux. Les signes hiéroglypheiques peuvent revêtir plusieurs fonctions : représentation d’une idée (idéogrammes), d’un son (phonogramme) ou d’un élément grammatical (déterminatif).
  • Le hiératique dérive directement du système hiéroglyphique et se développe dès les débuts. Plus simple et plus cursif, il permet une reproduction rapide du texte. C’est l’écriture de l’administration et des transactions commerciales, mais elle sert aussi à noter les textes littéraires, scientifiques et religieux. Réalisé d’abord au pinceau puis beaucoup plus tard à la plume et à l’encre, les signes hiératiques couvrent poteries, tablettes de bois, bandes de cuir ou tissus et surtout papyrus.
    On commence à observer une nette différence, parmi les documents datés d’environ 1000 avant J.-C., entre les textes administratifs et les textes littéraires ou religieux ; dans ces derniers, le hiératique se fige en une écriture appliquée de copistes. C’est d’ailleurs pourquoi les Grecs la qualifient de « hiératique » (de hieros, sacré, sacerdotal) à partir du 7e siècle avant J.-C., en effet, elle n’est plus employée que pour la transcription des textes sacrés.
  • C’est le démotique (écriture « populaire ») qui, à partir du 7e siècle av. J.-C., remplace le hiératique dans les documents de la vie quotidienne (administratifs, juridiques, économiques), puis dans la littérature et les ouvrages scientifiques. Plus cursive et simplifiée, possédant des ligatures, elle se lit elle aussi de droite à gauche. La fameuse Pierre de Rosette, datant du 2e siècle avant J.-C., porte ainsi le même texte en hiéroglyphes, en démotique et en grec.

Profitant de ce que les signes sont de forme et de taille différentes, les uns verticaux, les autres horizontaux, certains petits, d’autres plus grands, le lapicide les groupe de façon harmonieuse. Par exemple, au lieu de graver :

qui est l’ordre de lecture régulière, signe après signe, il gravera :

de façon à éviter tout vide disgracieux. De même, l’écriture hiéroglyphique pouvant être tracée indifféremment en lignes, de gauche à droite ou de droite à gauche, comme en colonnes, de haut en bas et commençant soit par la droite, soit par la gauche, l’artiste en tire parti pour disposer son texte symétriquement par rapport à l’architecture. C’est ainsi qu’une porte sera encadrée d’une inscription linéaire sur le linteau et de textes en colonnes, se faisant face, sur les montants. La direction de la lecture est déterminée par la disposition des signes représentant des êtres animés ; on lira donc en allant à la rencontre des personnages ou des êtres animés.

Ainsi, on lit de gauche à droite la phrase :

mais écrite :

elle se lira de droite à gauche.

L’écriture naît plusieurs fois : elle apparaît presque simultanément en Égypte et en Mésopotamie dans la seconde moitié du 4e millénaire avant J.C.

L’alphabet égyptien

L’alphabet hiéroglyphe écrit sur du papyrus de nos jours

Chaque mot était écrit comme il se prononçait, avec seulement des consonnes. Il n’y avait pas de voyelles.L’écriture hiéroglyphique frappe par son caractère esthétique, peu adapté à l’écriture cursive. Il s’agit d’un système mixte, à la fois idéographique et phonographique, où un signe peut représenter une idée ou un son. Malgré l’utilisation par les scribes de systèmes simplifiés, l’écriture hiéroglyphique s’est maintenue pendant près de trois millénaires et demi sans grands changements.

 

 

 

 

 

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Détail hiéroglyphe – Louxor -narvikk -Type de licence :Libre de droits
Les hiéroglyphes sont des caractères utilisés dans n’importe lequel des systèmes d’écriture comportant des caractères pictographiques, c’est-à-dire qui représentent des objets reconnaissables.

Cette écriture est née à la fin du 4ème millénaire avant Jésus-Christ. Elle a ensuite été utilisée pendant plus de 3000 ans, avant de se perdre aux environs du 4ème siècle. Il s’agit d’un alphabet qui utilise en guise de lettres des représentations symboliques datant de l’Egypte antique. Ainsi, figures humaines, dessins d’animaux, images de plantes ou de dieux, etc. , tels seront le type de caractères utilisés dans l’écriture égyptienne.

L’écriture hiéroglyphe comporte 24 signes et fonctionne principalement selon le principe de rébus !

Ainsi il existe trois types de signes :

  • Les idéogrammes : ce sont des « signes-mots » associés aux objets ou aux actions
  • Les phonogrammes : ce sont des signes phonétiques pour indiquer les consonnes.
  • Les déterminatifs : ce sont des signes muets qui servent à faciliter la lecture en indiquant le champ lexical du mot en question. En écriture égyptienne, un seul caractère peut donc avoir plusieurs significations.
Peinture égyptienne antique de main sur le papyrus
Chaque mot était écrit comme il se prononçait, avec seulement des consonnes. Il n’y avait pas de voyelles.

Procession funéraire, art égyptien

Rite funéraire – Egypte ancienne

Crédits : Bridgeman Images

L’esprit du défunt descendant dans sa tombe. Papyrus. Nouvel Empire. Vers 1550-1080. Musée du Louvre, Paris.

Ancient Egyptian writing, Egyptian hieroglyphs.
              Anciens Hiéroglyphes égyptiens – Isis, déesse de la vie et de la magie dans le passage du tombeau de Ramsès VI.
Image illustrative de l’article Écriture hiéroglyphique égyptienne
Hiéroglyphes sur le temple de Kôm 

Le mot «hiéroglyphe» signifie littéralement «sculpture sacrée». Les Égyptiens utilisèrent d’abord les hiéroglyphes exclusivement pour des inscriptions sculptées ou peintes sur les murs des temples.

Formule pour unir l'âme d'un défunt à sa momie; dessin : Catherine Fitzpatrick; MCC S98-3518; PCD 2001-283-010
Formule pour unir l’âme d’un défunt à sa momie; dessin : Catherine Fitzpatrick; MCC S98-3518; PCD 2001-283-010

On retrouve aussi cette écriture picturale sur des tombes, des papyrus, des planches de bois recouvertes de stuc,

des tessons de poteries et des fragments de calcaire

On retrouve aussi cette écriture picturale sur des tombes, des papyrus, des planches de bois recouvertes de stuc,

des tessons de poteries et des fragments de calcaireOmbo.Apparue à la fin du IVe millénaire avant notre ère en Haute-Égypte, l’écriture hiéroglyphique est utilisée jusqu’à l’époque romaine, soit pendant plus de trois mille ans. La connaissance des hiéroglyphes se perd avec la fermeture des lieux de culte dits « païens » par l’empereur Théodose Ier vers 380. Des Européens se sont aventurés dans des tentatives de traduction au début du xixe siècle (Johan David ÅkerbladThomas Young), avec des succès incertains, mais il faudra, après la  découverte de la pierre de Rosette, le génie de Jean-François Champollion pour briser, après quatorze siècles, ce qui paraissait être « un sceau mis sur les lèvres du désert »

Jean-François Champollion
Jean-François Champollion                    C’est dans une lettre du 22 septembre 1822 adressée à Dacier que Champollion décrit le système hiéroglyphique égyptien.                                           Portrait de Jean-François Champollion réalisé en 1831 par Léon Cogniet.   Huile sur toile, musée du Louvre, Paris.

Ce n’est qu’au XIXe siècle que les hiéroglyphes égyptiens furent déchiffrés. Plusieurs personnes tentaient de le faire lorsque Jean-François Champollion, un brillant jeune Français, perça le secret de cette écriture ancienne. Un décret émis à Memphis, en Égypte, le 27 mars 196 av. J.-C. fut inscrit sur la pierre de Rosette en trois écritures : hiéroglyphique, démotique et grecque. Après que Thomas Young eut déchiffré le texte démotique, Champollion put, grâce à cette information, découvrir en 1822 le code du texte hiéroglyphique. En 1828, il publia le célèbre Précis qui marqua la première véritable avancée dans ce domaine.

L ‘écriture égyptienne s’écrit et se lit de droite à gauche ou de gauche à droite et de haut en bas ou de bas en haut. Pour repérer le sens de la lecture, il faut regarder comment sont dessiner les signes.
Afin que les scribes écrivent plus vite les hiéroglyphes, ils adoptèrent l’écriture hiératique, qui se représente par des fragments de hiéroglyphe plus facile à rédiger. Celle ci était utilisée principalement dans l’administration.
Durant la XXVI ème dynastie les pharaons adoptèrent une vaste réforme administrative qui vit l’apparition de l’écriture démotique. Celle ci est une simplification de l’hiératique produit par les scribes qui demandait une écriture encore plus rapide et plus simple. Le démotique s’étendit à toute l’Égypte et l’écriture ne servit qu’aux document religieux.
Nous avons appris à déchiffrer les hiéroglyphes grâce à Champollion qui se servit de la pierre de rosette, sur laquelle était inscrit un texte en trois langues ( hiéroglyphe, démotique et grec ).

Les hiéroglyphes sont disposés en colonnes ou en lignes horizontales. Ils se lisent généralement de droite à gauche — mais parfois de gauche à droite — et de haut en bas. Le lecteur peut déterminer l’orientation en regardant les figures animales et humaines — elles sont tournées vers le début du texte. Exemple : si la figure est tournée vers la droite, il faut lire le texte de droite à gauche.

Seated Figure of Hatshepsut
Hatshepsout
Toutânkhamon

On attribuait aux mots et aux noms écrits en hiéroglyphes des pouvoirs magiques. C’est pour cette raison qu’on inscrivait des textes funéraires et le nom des défunts sur les sarcophages et les murs des tombes. Les dieux exauceraient les prières et les personnes seraient protégées du mal. Le nom écrit en hiéroglyphes exprimait l’identité de la personne. S’il était effacé, l’identité de la personne était perdue, ainsi que tout moyen de survie dans l’au-delà. Les noms de pharaons tels que Toutankhamon et la reine Hatshepsout, par exemple, ont été enlevés des murs des temples par leurs successeurs.

En 1323 av. J.-C., un jeune roi égyptien mourait. Il s’appelait Tout.ankh.Amon — «l’image vivante d’Amon». Toutankhamon est le pharaon de l’Égypte ancienne qui nous est le mieux connu. Il était probablement le fils d’Akhenaton, le roi hérétique de la XVIIIe dynastie. Sa mère était probablement la reine Kiya, une des épouses secondaires du roi.

Hatshepsout est la fille aînée du roi Thoutmosis I et de la reine Ahmès. Elle est née avant l’avènement au trône de son père. Dans le récit de sa jeunesse qu’elle a fait graver sur son temple de Deir el-Bahari, elle entend montrer que Thoutmosis I l’avait préparé très jeune au pouvoir 

La pierre de Rosette

 

 

La pierre de Rosette est décrite comme « une pierre de granite noir, portant trois inscriptions… trouvée à Rosette » (al Rachid’) dans un catalogue des artéfacts découverts par l’expédition française et cédés aux troupes britanniques en 1801.

Pierre de Rosette

 La Pierre de Rosette

La pierre de Rosette est un fragment de stèle gravée de l’Égypte antique portant trois versions d’un même texte qui a permis le déchiffrement des hiéroglyphes au XIXᵉ siècle. L’inscription qu’elle comporte est un décret promulgué à Memphis par le pharaon Ptolémée V en 196 av. J.-C. Lorsque les hommes de Pierre-François Bouchard découvrirent cette stèle qui allait changer le monde le 19 juillet 1799,ils ne procédaient pas à des fouilles archéologiques. En réalité, ils réalisaient des travaux de construction de dernière minute. Les soldats français occupaient un fort délabré à Rosette, en Égypte. Ils n’avaient que quelques jours pour préparer leur défense contre les troupes de l’Empire ottoman. Alors qu’ils démolissaient un mur construit à partir des débris des sites antiques égyptiens des alentours, ils découvrirent un grand morceau de pierre recouvert de trois types d’écritures, notamment du grec ancien. Intrigué, Bouchard se demanda si la pierre racontait la même histoire dans trois langues différentes. Il partagea sa trouvaille à des savants français venus sonder l’Égypte en quête de trésors archéologiques. Cette stèle n’était autre que la pierre de Rosette. Les lettres et les symboles soigneusement inscrits dans sa paroi sombre allaient révéler la gloire des anciennes civilisations égyptiennes. Avant tout néanmoins, les experts devaient réussir à déchiffrer ses secrets. Depuis longtemps, les chercheurs s’interrogeaient sur la signification des inscriptions picturales, appelées hiéroglyphes, gravées dans les stèles égyptiennes. Puisque son contenu était identique dans les trois langues, les experts estimaient que la pierre de Rosette pouvait contribuer à percer ce mystère. Ils s’empressèrent donc de traduire les caractères de la pierre. Bien que de nombreux savants de toute l’Europe participèrent à ce déchiffrage,

les deux contributions les plus importantes furent celles du Britannique Thomas Young et du Français Jean-François Champollion.

Thomas Young (scientist) - Wikipedia
Thomas Young

Thomas Young, un polymathe britannique célèbre pour ses découvertes scientifiques, décida d’aborder ce mystère comme un problème mathématique.
Après avoir traduit le grec ancien, il prit des notes détaillées sur les hiéroglyphes et tenta de faire correspondre systématiquement chacun d’entre eux à sa traduction.
Il compara également les glyphes de la pierre à d’autres, gravés dans des statues. Young réussit à identifier les sons phonétiques correspondant à certains des glyphes, à déchiffrer certains caractères et à comprendre comment se formait le pluriel de certains mots.

 

Jean-François Champollion
Jean-François Champollion

Ce fut toutefois le Français Jean-François Champollion, considéré comme le père de l’égyptologie, qui finit par déchiffrer le code en 1822.
Alors que Young n’avait aucune expérience de la langue égyptienne, Champollion, lui, parlait couramment le copte et avait de vastes connaissances sur l’Égypte. Il comprit que les inscriptions démotiques, le troisième système d’écriture figurant sur la stèle,véhiculaient les syllabes et que les hiéroglyphes représentaient les phonèmes coptes.

Avant que l’alphabet ne soit inventé, des systèmes d’écritures basé sur des symboles pictographiques comme ces nombres utilisés à Babylone ou ces anciens hiéroglyphes (du grec hieron, «sacré» et gluphein, «graver») égyptiens couchés sur un papyrus ou encore sur des tablettes cunéiformes, qu’on produisait en appuyant un stylet dans l’argile douce.
La numération ancienne - Math'Out
tablette -2900 / -2340 (Dynastique archaïque) Lieu de découverte : Girsu = Tello Musée du Louvre
 papyrus de Hunefer le 'Livre des morts égyptien" (Budge édition lithographique)
papyrus de Hunefer le ‘Livre des morts égyptien » (Budge édition lithographique)
Ecriture des Perses, des Mèdes, des Assyriens, combinant des signes en forme de coin et de fer de lance.
L’écriture des nombres en cunéiforme
Table de division et de conversion des fractions, écriture cunéiforme - Creative Commons
Table de division et de conversion des fractions, écriture cunéiforme – Creative Commons
"Tablette
Tablette_dépoque_séleucide_IIIe_siècles_av_J-C

 

Beatus a Liebana , Commentarius in Apocalypsin BNF

Les idéogrammes chinois naissent plus tardivement, aux alentours de 1500 avant J.-C.

En Méso-Amérique, chez les Olmèques, les plus anciens vestiges d’écriture semblent remonter au début du 2e millénaire avant J.-C.

Enfin, dans la vallée de l’Indus, l’écriture est attestée au 2e millénaire sur de nombreux sceaux, sans que les pictogrammes qui la constituent aient pu être déchiffrés. L’aventure des écritures est une aventure sans fin. Ainsi, en Afrique de l’Ouest, le 19e siècle a vu fleurir près de dix nouvelles écritures.

Amérique précolombienne

Les Olmèques sont un ancien peuple précolombien de Mésoamérique s’étant épanoui de 2500 av. J.-C. jusqu’à 500 av. J.-C. sur la côte du golfe du Mexique, dans le bassin de Mexico, et le long de la côte Pacifique (États du Guerrero, Oaxaca et Chiapas). C’est la plus ancienne civilisation connue de Mésoamérique, dont elle est souvent considérée comme la « culture-mère »,

En Méso-Amérique, chez les Olmèques, les plus anciens vestiges d’écriture semblent remonter au début du 2 e millénaire avant J.-C. Enfin, dans la vallée de l’Indus, l’écriture est attestée au 2 e millénaire sur de nombreux sceaux, sans que les pictogrammes qui la constituent aient pu être déchiffrés

Détail de la stèle 1 de La Mojarra avec colonnes de glyphes. Les colonnes de droite sont des glyphes isthmiques. La colonne de gauche représente une date dans le Compte long, daté du 8.5.16.9.9, soit 156 de notre ère.
La statuette de Tuxtla

Le système d’écriture épi-olmèque est connu principalement par deux inscriptions à Veracruz (Mexique): la statuette de Tuxtla et la stèle de La Mojarra, datées respectivement de 163 et 156 après JC. Ces inscriptions contiennent du matériel historique et astronomique.

La statuette de Tuxtla porte 75 glyphes gravés de l’écriture épi-olmèque, un des quelques exemples de ce très ancien système d’écriture mésoaméricain.

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L’écriture Epi-Olmec : L’alphabet – De l’Aleph à l’@ – L’écriture Epi-Olmec : L’alphabet – Mouhib Fouad

L’écriture épi-olmèque, ou écriture isthmique, est un système d’écriture mésoaméricain en usage dans la région de l’isthme de Tehuantepec entre environ −500 et +500 (il y a toutefois des désaccords au sujet de ces dates). Elle est parvenue jusqu’à nous grâce aux inscriptions gravées dans des sculptures en pierre. Sa structure est similaire à celle des langues mayas et elle utilise aussi un ensemble de caractères pour représenter les logogrammes (ou unités de mots) et un second ensemble pour représenter les syllabes. Elle n’est pas encore déchiffrée et la langue sous-jacente n’a pas pu non plus être déterminée de manière fiable.

Première écritures en Crète (et en Grèce)

4000 ans Avant JC premières écriture crétoise

C’est à cette époque que se développe l’écriture en Crète et probablement en Grèce continentale. C’est particulièrement dans l’ancienne cité de Knossos que des inscriptions sur des tablettes d’argile ou gravées dans la pierre ont été retrouvées en 1900. On dénombre 3 sortes d’écriture :
– le linéaire B, le plus ancien (- 2000 ans avant J-C) est composé de 200 signes syllabaires (formés de syllabes). On suppose qu’il traduit une forme ancienne du grec. L’écriture a été déchiffrée en 1952.
– le linéaire A, ( – 1750 à – 1450 ans avant J-C) formé de signes stylisés dont la signification n’a pas pu encore être retrouvée.
– le disque de Phaïstos (- 700 ans avant J-C) qui présente sur ses 2 faces 45 signes figuratifs. C’est un unicum, c’est-à-dire que cette écriture a seulement été retrouvée sur ce disque.

Elle reste incompréhensible et sa véracité a souvent été mise en doute.

Linéaire B
Linéaire B – Crête
Disque Phaistos
Disque Phaistos – Crète Unicum – non déchiffré à ce jour
Linéaire A
Linéaire A – Crête – non déchiffré à ce jour.

La Chine : premiers écrits

3200 Avant JC les premiers textes déchiffrables

Idéogrammes chinois
Inscriptions oraculaires Chine, 3 200 Avant J-C ? Fragments de carapace de tortue. Paris, BnF, manuscrits orientaux

L’écriture chinoise est la seule à avoir connu une véritable continuité depuis plus de 3 000 ans. Les premiers caractères étaient des textes oraculaires gravés sur des carapaces de tortues ou des omoplates de bovidés. S’ils sont pour la plupart illisibles pour le Chinois du XXIème siècle, les caractères actuels ayant acquis leur forme définitive il y a environ 2000 ans, ils n’en sont pas moins les ancêtres directs de l’écriture moderne, écriture qu’adoptèrent successivement la Corée, le Vietnam et le Japon au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne.

A l’image du système de numération indo-arabe ou des pictogrammes modernes, les caractères chinois véhiculent un sens indépendamment de la langue parlée par l’utilisateur. Ils ont ainsi été le véhicule de la philosophie (confucianisme), de la religion (bouddhisme), de l’art de la calligraphie et de beaucoup d’autres choses dans ces différents pays. Notons que les Chinois ont été précurseurs dans tout ce qui se rapporte à l’écriture : ils ont entre autres inventé le papier (support de l’écriture depuis deux mille ans) et l’imprimerie (xylographie à partir du VIIème siècle, caractères mobiles au XIème siècle, environ quatre cents ans avant Gutenberg).

 

Ideogrammes chinois
Idéogrammes chinois – Recueil de frottis d’inscriptions sur bronze 2 600 Avant JC .
ideogrammes chinois
Idéogrammes chinois Vestiges Yin Dynastie des Shang 3700 – 3100 Avant J-C

Les caractères chinois, ou sinogrammes, sont traditionnellement classés en quatre catégories principales :

  • Les pictogrammes, dessins plus ou moins stylisés d’objets ou d’êtres vivants (soleil, montagne, arbre, homme, poisson…). Ce sont les « briques élémentaires » de l’écriture chinoise. On en compte environ deux cents.

Les idéogrammes simples, tantôt tracés abstraits ou géométriques désignant des chiffres ou des formes, tantôt pictogrammes auxquels un trait est rajouté afin de désigner une partie de l’objet (un trait au bas de l’arbre = racine).

Les idéogrammes composés, associations de deux, voire trois pictogrammes, créés pour désigner des concepts abstraits (soleil + lune = clarté, homme + arbre = repos, oiseau + arbre = se rassembler, femme + enfant = aimer…).

Les idéo-phonogrammes, associations d’un pictogramme, donnant une indication sur le champ sémantique du caractère (rapport avec l’eau, le feu, l’arbre, la femme, etc.) et d’un élément à valeur phonétique. Ils constituent à peu près les trois quarts de langue courante.Si l’on recense plus de quarante mille caractères différents, quatre à cinq mille « suffisent » à former les quelques dizaines de milliers de mots composés (le plus souvent de deux caractères) de la langue moderne. Précisons enfin que l’écriture chinoise a connu une simplification partielle dans les années 60 en Chine continentale (on parle de caractères « simplifiés »), alors que Taïwan et Hongkong sont restés fidèles à l’écriture traditionnelle.

 

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Evolution du pictogramme oiseau dans l’écriture chinoise.
1 : Inscription oraculaire (XIIIe siècle av. J.-C.)
2 : Inscription sur bronze (XIe siècle av. J.-C.)
3 : Petite sygillaire (IIIe siècle av. J.-C.)
4 : Ecriture « moderne » (à partir du IIe siècle après J.-C.)
5 : Ecriture simplifiée (à partir de 1964).

Article La Chine, premiers écrits
Philippe Che, Maître de conférences, Aix-Marseille Université, spécialiste de la Chine ancienne.

Les « écrits sur soie », boshu, dès le IVe siècle avant notre ère,  les plus anciens retrouvés jusqu’ici proviennent d’une sépulture datée de 168 avant J.-C. à l’évidence, la présentation du texte, copié de droite à gauche en longues colonnes sur des pièces de soie rectangulaires, s’inspirait alors des « livres de bambou », jianshu, qui eurent cours en Chine dès les temps les plus anciens, et dont les plus vieux spécimens retrouvés remontent à l’époque des Royaumes combattants (Ve-IIIe siècle avant notre ère).

L’Inde

La civilisation védique ne s’est pas éteinte. En se perpétuant sous certains aspects, elle s’est transformée en la civilisation indienne classique dans le courant de la seconde moitié du 1er millénaire av. J.-C. D’un côté elle a gardé le goût de l’oralité et en a maintenu la pratique. De l’autre, elle a accepté d’importantes innovations, comme l’usage de l’écriture. L’archéologie, en effet, nous le révèle sous la forme d’inscriptions sur pierre datées avec certitude du 3e siècle av. J.-C. et contenant des édits que l’empereur Ashoka fit graver dans toutes les parties de son vaste empire étendu de l’Afghanistan au Karnataka

Recueil de brefs textes bouddhiquesL’origine de la brâhmî est un sujet de controverse depuis plus d’un siècle. La comparaison avec des écritures sémitiques fait en effet apparaître des ressemblances entre des signes, mais les signes se ressemblant ne représentent pas les mêmes sons. Il est donc peu probable que la brâhmî ait été une adaptation d’une écriture phénicienne ou araméenne. D’autre part, elle possède des traits originaux fondamentaux, comme la lecture de gauche à droite et la notation des voyelles. Il est donc fort possible que ce soit une création indienne, faite à l’époque où un pouvoir puissant avait décidé d’adopter l’usage de l’écriture.

La devanagari, du sanskrit देवनागरी (devanāgarī), est une écriture alphasyllabaire utilisée pour le sanskrit, le prâkrit, le hindi, le népalais, le marathi et plusieurs autres langues indiennes. C’est une des écritures les plus employées en Inde du Nord et au Népal.

 

Image illustrative de l’article Devanagari
Manuscrit du Rig-Veda en devanagari (début du xixe siècle).
Kammavaca
Kammavaca. L’écriture birmane est reconnaissable à la rondeur épanouie de ses bouclesL’emploi de l’écriture en Inde (exception faite de l’écriture de l’Indus au 3e millénaire) n’est attesté que de manière tardive, au 3e siècle av. J.-C. 

Il s’inscrit dans un contexte religieux où la parole est fortement valorisée, mais qui n’exclut pas pour autant la performance calligraphique. La fidélité de cette écriture envers la parole la rapprocherait de l’alphabet grec. Elle s’en distingue pourtant par son souci de réalisme phonétique et son insistance sur le syllabisme. Là où les Grecs arrivent à une décomposition « atomique » de la langue en consonnes et voyelles, les Indiens distinguent eux aussi voyelles et consonnes, mais ils considèrent le plus souvent la consonne avec une vocalisation, l’unité de base étant la syllabe.

Comme la quasi-totalité des écritures indiennes, la devanagari descend de l’écriture brahmi4,note 1, plus précisément de l’écriture gupta.

On retrace les origines de la devanagari autour du xiie siècle, vraisemblablement comme une modification du siddham. Elle remplaça peu à peu l’écriture sharda dans une grande partie du nord de l’Inde.

Antique Livre d'Ordination Kammavaca de Birmanie - Photo 1/10

La devanagari est maintenant l’une des écritures les plus employées de l’Inde, étant majoritairement utilisée pour écrire le hindi, langue de loin la plus parlée en Inde6. Le hindi écrit en devanagari est également une langue officielle de l’Inde7, il en est de même pour le népalais écrit en devanagari, « langue de la nation » du Népal. Cette écriture sert aussi à écrire entre autres le marâthî et le sindhi. Traditionnellement, dans le nord de l’Inde, c’est avec elle qu’on écrivait le sanskrit4.

Des langues moins parlées utilisent également cette écriture : le bihari, le bhili, le konkani, le bhodjpuri, le nepalbhasa. Il arrive que le cachemiri fasse également usage de la devanagari, bien qu’il utilise principalement l’alphabet arabe sous une forme modifiée.

kammavacca-manuscrits-yadanazedi-inscription

L’écriture brâhmî comporte dès ses origines une série de signes distincts de ceux des lettres pour la représentation des chiffres. Au début, on a autant de signes qu’il y a de noms de nombres simples dans la langue sanscrite et ses parentes, c’est-à-dire les nombres de un à dix, cent, mille.

Dhammapada
Dhammapada | © Bibliothèque nationale de France

 

 

 

 

 

 

 

 

Naissances des alphabets

Mont Sinaï, Péninsule Du Sinaï, Egypte Photo stock - Image du contraste ...
Mont Sinaï, Péninsule Du Sinaï,
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Sarabit al-Khadim

C’est dans un temple situé dans la péninsule du Sinaï, à Sarabit al-Khadim, qu’ont été découverts, en 1905, les premiers textes utilisant un alphabet.
Sur ce site, proche de mines produisant des quantités importantes de turquoises, cohabitaient des expéditions d’égyptiens et des ouvriers migrants venant de Canaan.
Aux environs de 1850 av. JC, Cette cohabitation prolongée a incité certains migrants à
copier l’écriture des Égyptiens mais en l’adaptant à leur propre langue.

C’est une statuette sur laquelle figuraient à la fois un texte en égyptien et un autre écrit par les Cananéens en n utilisant un alphabet qui a permis de déchiffrer la signification de ces premiers textes.

L’inscription égyptienne représente la déesse Hathor, mais celle située au dessous invoque
une déesse citée dans la bible, équivalente pour les Cananéens: Balaat. Ce nom Balaat est écrit avec quatre caractères commençant par un rectangle qui s’inspire directement du hiéroglyphe égyptien de la maison. La maison se dit Baïat en Cananéen mais seule la première partie du son est conservée, ainsi, le rectangle symbolisera le son BA
L’alphabet était né: le principe du rébus est appliqué mais d’une nouvelle manière: on n’utilise plus le son du mot en entier mais seulement le son du début du mot. Grâce à cette invention immense et fantastique il suffit de 25 à 30 images pour tout écrire parce que l’on peut reproduire ainsi tous les sons élémentaires dont on a besoin pour s’exprimer dans une langue.

De retour sur leurs terres, les Cananéens ont rapporté leur invention vite reprise par leurs voisins phéniciens. Ces commerçants et marins diffusent l’alphabet à travers le moyen
orient et en méditerranée où il fut adopté par les grecs puis les romains.

documentaire diffusé sur Arte, consultable à: https://www.arte.tv/fr/videos/RC-020387/l-odyssee-de-l-ecriture/

 

Abécédaire d’Ougarit 3300 BP Abécédaire de 30 lettres d’une écriture cunéiforme. Retrouvé sur le site de l’ancienne cité d’Ougarit (devenue Ras Chamra en Syrie)

Ougarit, ancienne ville de la côte phénicienne. Civilisation ougaritique; cunéiforme, écriture, langue ougaritique. Dans les textes ougaritiques, Môt apparaît comme le dieu de la sécheresse, de la famine et de l’autre monde; il est l’adversaire de Baal, le dieu fécondant auquel il dispute la souveraineté (J. Deshayes,Les Civilisations de l’Orient anc.,Paris, Arthaud, 1969, p.580).

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Tablette poème mythologique en langue Ougaritique, Musée du Louvre, Pais, France
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L’ ougaritique est une langue chamito-sémitique éteinte de type cananéen, appartenant au groupe nord-ouest des langues sémitiques, parlée dans la ville d’ Ougarit à l’ âge du bronze récent ( XVe – XIIe siècles av. J.-C. ). Elle était écrite avec l’ alphabet ougaritique, un alphabet consonantique cunéiforme .

Parce que ces méthodes exigeaient l’utilisation d’une pléthore de symboles, l’écriture était complexe et s’est limité à un petit groupe de scribes hautement qualifiés. Pendant le deuxième millénaire av. J.-C (évalué entre 1850 et 1700 av. J.-C), Un groupe des gens(du peuple) utilisant un parler Sémitique a adapté un sous-ensemble de hiéroglyphes égyptiens pour représenter les sons de leur langue. On considère souvent ce scénario comme Proto-Sinaitic et comme le premier système d’écriture alphabétique, où des symboles uniques ont signifié des consonnes seules (simples) (les voyelles sont omises). Écrit de droite à gauche et étendu par les marchands maritimes Phéniciens qui ont occupé la partie du Liban moderne, la Syrie et Israël, cet alphabet consonantique connu comme un alphabet abjad est consisté de 22 symboles assez simples pour des commerçants ordinaires pour apprendre et dessiner (compter), rendant son utilisation beaucoup plus accessible et d’où sa propension à se répandre. Au 8ème siècle av. J.-C, l’alphabet Phénicien s’était répandu en Grèce, où il a été affiné (raffiné) et amélioré(augmenté) pour enregistrer la langue grecque. Quelques caractères Phéniciens ont été gardés et d’autres ont été enlevés, mais l’innovation primordiale était l’utilisation de lettres pour représenter des voyelles. Beaucoup d’érudits croient que c’était ce complément – qui a permis au texte d’être lu et prononcé sans ambiguïté – et qui aurait marqué la création du premier « vrai » alphabet. La langue grecque était à l’origine écrite de droite à gauche, mais s’est muée finalement en boustrophedon (Une écriture boustrophédon est un système d’écriture qui change alternativement le sens du tracé ligne après ligne, à la manière du bœuf marquant les sillons dans un champ, allant de droite à gauche puis de gauche à droite.) – où donc la direction d’écrire alterne avec chaque ligne. Au 5ème siècle av. J.-C, la direction s’était installée dans le modèle que nous utilisons aujourd’hui, de droite de sommet à gauche. Au fil du temps, l’alphabet grec a donné naissance plusieurs autres alphabets, y compris le latin.

Alphabet

Les Grecs reconnaissaient avoir appris l’alphabet des Phéniciens. Mais les Phéniciens eux-mêmes, comment et quand sont-ils parvenus à réaliser cette fabuleuse invention ?

Des tablettes d’Ougarit aux inscriptions retrouvées dans les anciennes mines de turquoises du Sinaï, voici les étapes de cette révolution.

L’écriture* alphabétique* nous apparaît comme un système simple et évident.  C’est le premier apprentissage que fait un enfant à l’école. On dit, pour évoquer les éléments fondamentaux et en même temps les plus simples de telle ou telle matière, qu’ils en constituent le « b-a-ba ».

On parle même d’alphabétisation à propos de pays dont l’écriture n’est pas alphabétique, comme la Chine. Pourtant, plus d’un millénaire et demi séparela première apparition de l’écriture, en Mésopotamie et en Égypte, de l’invention de l’alphabet.

Et celle-ci représente une véritable révolution intellectuelle.

Alphabet phénicien
L’arbre des alphabets, 2013. Arch. dép. Alpes-Maritimes, 6 Fi 3423. © Association Alphabets

Le premier alphabet consonantique à se répandre est l’alphabet phénicien. Contrairement à d’autres systèmes d’écritures contemporains, tels que l’écriture cunéiforme et l’écriture hiéroglyphique égyptienne, l’alphabet phénicien ne possède pas de logogrammes, seulement 22 phonogrammes, ce qui rendait si aisée son étude que les marchands phéniciens l’ont largement diffusé.

Cet alphabet consonantique était une simplification drastique du système d’écriture phonétique égyptien, où les mots étrangers étaient écrits en associant à chaque syllabe un hiéroglyphe (pas toujours le même) dont le son initial se rapprochait de la syllabe voulue. L’innovation est de toujours prendre les mêmes logogrammes pour désigner un ensemble réduit de sons : les logogrammes choisis deviennent un alphabet.

 

Obélisque phénicien de Chypre
Obélisque phénicien de Chypre Oussama Shukir Muhammed Amin (Droits d’auteur)
Alphabet phénicien
Alphabet phénicien

Le phénicien est une langue cananéenne étroitement liée à l’hébreu. On sait très peu de choses sur la langue cananéenne, à l’exception de ce qui peut être recueilli dans les lettres d’El-Amarna écrites par les rois cananéens aux pharaons Amenhopis III (1402 – 1364 avant notre ère) et Akhenaton (1364 – 1347 avant notre ère). Il semble que la langue, la culture et l’écriture phéniciennes aient été fortement influencées par l’Égypte (qui a longtemps contrôlé la Phénicie ), comme l’admet le roi Rib-Adda de Byblos dans une de ses lettres au pharaon .

Avant environ 1000 avant notre ère, le phénicien était écrit en utilisant des symboles cunéiformes qui étaient communs à travers la Mésopotamie . Les premiers signes de l’ alphabet phénicien trouvés à Byblos sont clairement dérivés des hiéroglyphes égyptiens , et non du cunéiforme. Les 22 lettres phéniciennes sont des simplifications des symboles hiéroglyphiques égyptiens, qui ont pris une forme standardisée à la fin du XIIe siècle avant notre ère. Comme l’hébreu et l’arabe, le phénicien était écrit de droite à gauche et les voyelles étaient omises (ce qui rend le déchiffrement du phénicien encore plus difficile).

Le système d’écriture phénicien est, du fait qu’il s’agit d’un alphabet, simple et facile à apprendre, et aussi très adaptable à d’autres langues, contrairement au cunéiforme ou aux hiéroglyphes. Au 9ème siècle avant notre ère, les Araméens avaient adopté l’alphabet phénicien, ajouté des symboles pour le « aleph » initial et pour les voyelles longues. Cet alphabet araméen s’est finalement transformé en arabe moderne.

Finalement, les Grecs, qui étaient en contact commercial étroit avec le Levant , ont adopté l’alphabet phénicien, ont ajouté des sons de voyelle et ont ainsi créé l’ alphabet grec .(sur lequel notre alphabet latin moderne est basé).

ARAMÉENS

On groupe, sous le nom d’Araméens,Afficher l’image source une confédération de tribus qui parlaient un langage nord-sémitique et qui, entre le XIe et le VIIIe siècle avant J.-C., occupèrent le pays d’Aram, région englobant des territoires assez étendus au nord de la Syrie. À la même époque, certaines de ces tribus, émigrant vers l’est et le sud-est, s’emparèrent de vastes territoires qui appartenaient à la Mésopotamie.

Les sources qui permettent de reconstituer l’histoire et la langue des Araméens sont de trois sortes : inscriptions archaïques trouvées au nord de la Syrie et qui remontent au XIe et au Xe siècle avant J.-C. ; mentions qui existent dans les chroniques assyriennes de la même époque ; mentions que l’on trouve dans l’Ancien Testament.

Langue impériale à l’époque perse, langue parlée par le Christ et ses premiers disciples, l’araméen joua longtemps un rôle de premier plan.

L’alphabet araméen est un ancien alphabet consonantique.

Un alphabet consonantique, aussi appelé abjad, est un alphabet dont les graphèmes (unités de base) sont des consonnes. Les voyelles dans un alphabet consonantique sont implicitement dictées par la phonologie : le lecteur doit connaître la langue pour en rétablir toutes les voyelles.

Les alphabets consonantiques modernes, comme l’alphabet hébraïquearabe ou syriaque, descendent tous de l’alphabet phénicien ou araméen, eux-mêmes des descendants de l’alphabet protosinaïtique.

Cet alphabet est historiquement important car quasiment tous les alphabets moyen-orientaux modernes en descendent, ainsi que de nombreuses écritures non chinoises d’Asie du Centre et de l’Est, du fait de l’usage répandu de l’araméen comme langue véhiculaire et langue officielle de l’Empire néo-assyrien et de l’Empire achéménide. Parmi les écritures contemporaines, l’alphabet hébreu est le plus proche de l’alphabet araméen impérial du ve siècle av. J.-C., comportant les mêmes lettres et, pour la majeure partie, des formes identiques.

araméen ancien | rocbo : Typographie, L'ecriture, le ...L’alphabet araméen a été tiré du système phénicien par les scribes du royaume de Damas au IXe siècle avant J.-C. Sa forme cursive, plus pratique que celle du phénicien et répandue par les déportés araméens, connaîtra une singulière diffusion en Asie. Adopté par les rois d’Assyrie (VIIIe s.), il sert parallèlement aux cunéiformes, qu’il supplante sous l’empire achéménide (VIeIVe s.) dont l’administration utilisera surtout l’écriture et la langue araméennes. À côté de cet alphabet officiel, le triomphe des dialectes araméens sur les autres langues sémitiques entraîne la création d’écritures locales. En Palestine, l’hébreu carré (IIIe s. av. J.-C.) transcrit l’araméen parlé par les Juifs après l’exil, puis les textes sacrés dans la langue hébraïque.

Différentes représentations de Sémites à travers l'art.
Différentes représentations de Sémites à travers l’art.

L’adjectif « sémitique » a été forgé par l’orientaliste allemand A. L. Schlözel dans le tome VIII (1781) du Repertorium für biblische und morgenländische Literatur de J. G. Eichhorn, pour désigner des langues dont la parenté était perçue dès le Moyen Âgepar les docteurs juifs : l’hébreu, l’araméen et l’arabe. L’appellation était choisie par référence au « tableau des peuples » de la Genèse (X) où Sem, fils de Noé, est donné comme le père d’Abram et l’ascendant d’Eber, éponyme des Hébreux, ainsi que de Yoqtan, ancêtre de diverses populations d’Arabie.

Cela est purement conventionnel, puisque le texte biblique range parmi les descendants de Sem les Élamites et les Lydiens, dont les langues n’étaient pas sémitiques, et, en revanche, fait des Cananéens des enfants de Cham, alors même que l’hébreu est défini ailleurs (Isaïe, XIX, 18) comme la « langue de Canaan ». Néanmoins, l’usage s’en est universellement répandu et le terme « Sémites » a été appliqué à tous les peuples parlant ou ayant parlé des langues sémitiques, peuples qui ont joué un grand rôle dans le Proche-Orient asiatique dès l’aube de l’histoire et auxquels le monde actuel est redevable de l’écriture alphabétique et des trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Le critère linguistique est le seul qui permette de définir avec certitude une famille sémitique et de postuler une unité préhistorique des Sémites.

L’hypothèse d’une origine commune des peuples sémitiques est d’autant plus vraisemblable qu’à la différence des Indo-Européens ou des Ouraliens ils ont occupé une aire continue et bien délimitée comprenant la péninsule arabique, la steppe syro-arabe et ce que l’égyptologue américain J. H. Breasted a appelé le « Croissant fertile », à savoir la côte orientale de la Méditerranée depuis le Sinaï jusqu’au Taurus, la Syrie du Nord et la Mésopotamie.

Le nabatéen, créé chez une tribu arabe au sud-est de la mer Morte pour écrire l’araméen (IIe s. av. J.-C.), est, après la chute du royaume local (106 apr. J.-C.), employé pour transcrire un parler arabe. Peu à peu transformé, il devient l’écriture arabe (VIe s. apr. J.-C.), qui n’évoluera plus beaucoup. Le mandéen, employé dès le VIIe siècle après J.-C. par une secte de Basse-Mésopotamie, a ajouté, sous l’influence du grec, une transcription commode des voyelles aux lettres araméennes. Le palmyrénien, tiré de l’araméen au Ier siècle avant J.-C. pour la cité caravanière de Palmyre, est à son tour à l’origine des écritures syriaques, qui transcrivent les parlers araméens de Haute-Mésopotamie à partir du Ier siècle de notre ère.

Les Nabatéens subissent très tôt l’influence culturelle étrangère, notamment araméenne. La langue araméenne continue à être utilisée sur leurs monnaies et leurs inscriptions lorsque la tribu se constitue en royaume, qui profite de l’affaiblissement des Séleucides pour étendre son territoire vers le Nord, sur les terres fertiles de l’Est de la Jordanie. C’est en caractères syriaques, un dialecte de l’araméen, que les Nabatéens écrivent une lettre à Antigone II Mattathiah (mort vers 37 av. J.-C.).

Vers le ive siècle avant notre ère, les Nabatéens supplantent les Iduméens, et Pétra remplace Bosra, la capitale des Iduméens (Bseira, entre Tafileh et Chôbak).

Afficher l’image sourceLes Nabatéens (en arabe : الأنباط al-Anbɑːṭ ou

النبطيون) Vue d’ensemble imageétaient un peuple arabe

commerçant de l’Antiquité qui vivait au

sud de la Jordanie et de Canaan

ainsi que dans le nord de l’Arabie.

Après la chute de l’Empire séleucide,

ils étendirent leur territoire vers le nord

jusqu’à la région de Damas.

 

On estime que les Nabatéens sont venus occuper le site de Pétra

dès le Ier millénaire avant notre ère.

Ils occupent et aménagent les hauteurs d’Umm el-Biyara, où l’on a retrouvé des vestiges d’habitations et

de citernes datés du viie siècle av. J.-C. Ils produisent des textiles et des céramiques de qualité et

possèdent une certaine maîtrise dans le travail des métaux.

 

 

Poème mythologique du cycle de Ba'al, Ba'al et la Mort. XIVe siècle av. J.-C. Musée du Louvre.
Poème mythologique du cycle de Ba’al, Ba’al et la Mort. xive siècle av. J.-C. Musée du Louvre.

Ougarit (ou Ugarit) est une ancienne cité du Proche-Orient, située dans l’actuelle Ras Shamra (initialement nommée Ras ech-Chamra, « cap du fenouil »), à onze kilomètres au nord de Lattaquié, en Syrie. Cette capitale de l’ancien royaume homonyme était au débouché d’une route qui joignait la mer Méditerranée au bassin mésopotamien, entre l’Empire hittite au nord et la sphère d’influence égyptienne au sud. Sans doute en activité dès 6000 AA et disparue vers 3200 AA, elle connait son apogée au tournant du IIe millénaire av. J.-C.

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hiéroglyphes hittites

Ville commerciale par excellence, Ougarit est de ce fait une place très cosmopolite. Cela se retrouve dans le fait qu’on y a trouvé des documents dans huit langues et quatre écritures différentes.

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neo-hittite

On est ainsi en présence de l’ougaritique, noté en alphabet ougaritique, cunéiforme, de l’akkadien, du sumérien, du hittite et du hourrite, écrits en cunéiformes traditionnel, de l’égyptien, en hiéroglyphes, du chypro-minoen, écrit dans son propre syllabaire, et du louvite, en hiéroglyphes hittites.

 

 

un prêtre samaritain présentant un ancien rouleau de leur Pentateuque. Ancienne photo datant du début du XXe siècle. © DR.

Les Samaritains sont un peuple mentionné dans les Écritures, aussi bien dans l’Ancien Testament (2 Rois 17,29, etc.)

 alphabet Samaritain
alphabet Samaritain     Source: http://culmus.sourceforge.net/ancient/Samples/Hebrew-Samaritan.pdf

que dans les Évangiles (Jean 4,9, etc.). Ils forment, aujourd’hui, avec moins d’un millier de personnes

l’une des plus petites communautés ethnique et religieuse au monde. Installés dans la région de Naplouse,

ces descendants de certaines tribus d’Israël, tentent de préserver leur identité dans un Proche Orient complexe.

L’alphabet samaritain est l’alphabet utilisé par les Samaritains pour écrire les langues hébraïque,

araméenne samaritaine (ou hébreu samaritain) et arabe.

Bien que très souvent désigné comme un alphabet, c’est en fait un abjad, terme décrivant un système d’écriture

ne notant que les consonnes de la langue (ou peu s’en faut), à la manière de l’écriture d’autres langues sémitiques.

Il comprend 22 signes qui ne notent que les consonnes.

Chaque signe, en plus de sa valeur phonétique, a aussi une valeur numérique. L’écriture va de droite à gauche.

L’alphabet samaritain est une variante de l’alphabet paléo-hébraïque, lui-même un proche dérivé

de l’alphabet phénicien.

L’ancien alphabet hébreu a été abandonné par les juifs dans la seconde moitié du Ier millénaire av. J.-C., et remplacé

par l’actuel alphabet hébreu, mais il a été conservé par les samaritains.

Tablette ougaritique du XIV siècle (Louvre)

Le phénicien est une langue cananéenne étroitement liée à l’hébreu. On sait très peu de choses sur la langue cananéenne, à l’exception de ce qui peut être recueilli dans les lettres d’El-Amarna écrites par les rois cananéens aux pharaons Amenhopis III (1402 – 1364 avant notre ère) et Akhenaton (1364 – 1347 avant notre ère). Il semble que la langue, la culture et l’écriture phéniciennes aient été fortement influencées par l’Égypte (qui a longtemps contrôlé la Phénicie ), comme l’admet le roi Rib-Adda de Byblos dans une de ses lettres au pharaon .

Sample text - Article 1 of the Universal Declaration of Human Rights in Samaritan
Traduction:  Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité (hem, on dirait bien l’article 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme!)
Sample text in the Samaritan alphabet
Échantillon de texte en Samaritain

Abjads / alphabets consonantiques

Liste des principaux alphabets consonantiques

En usage de nos jours

Image illustrative de l’article Alphabet araméen
inscription bilingue en grec et araméen à Kandahar, en Afghanistan, sous le règne de l’empereur Maurya Ashoka (IIIe siècle av. J.-C.).
    • alphabet arabe
    • alphabet hébreu
    • alphabet maldivien (toujours vocalisé, n’est cependant pas un alphasyllabaire comme il n’a pas de voyelle inhérente)
    • alphabet samaritain (seulement employé pour les textes religieux)
    • alphabet syriaque
    • alphabet tifinaghLe tifinagh (en néo-tifinagh : ⵜⵉⴼⵉⵏⴰⵖ ; en tifinagh traditionnel : ⵜⴼⵏⵗ ; en alphabet berbère latin : tifinaɣ), est l’écriture utilisée par les Berbères pour écrire leur langue, le tamazight. Elle est dérivée des écritures originelles des langues berbères , le libyque initialement désigné sous le terme de numidique — tombée en désuétude pour les langues berbères du Nord dès l’Antiquité — probablement par le biais du tifinagh ancien du Sahara, dont il garde les caractéristiques morphosyntaxiques2. Au cours des siècles, l’aire linguistique touarègue (Sahara algérien, libyen, malien et nigérien) est la seule à avoir conservé ce système de codification.Le tifinagh fait l’objet d’un intérêt particulier pour donner une codification autochtone aux langues berbères du Nord au xxe siècle. Mohand Amokrane Khelifati fait une première tentative de codification du kabyle en tifinagh dans les années 1930. Plus tard, il est adapté et réintroduit par le travail des militants berbéristes de l’Académie berbère comme option d’authenticité de la pérennisation des langues berbères à l’écrit. C’est la naissance du Néo-Tifinagh. Cet alphabet modernisé est employé depuis les années 1970 par les sphères militantes berbéristes. Les travaux de standardisation sont repris, au Maroc, par l’IRCAM qui publie sa version du Néo-Tifinagh en 2001 basé sur les travaux du linguiste Salem Chaker. Pour accompagner l’officialisation des langues berbères, le Néo-Tifinagh IRCAM devient l’alphabet de l’amazighe standard marocain. L’attachement au tifinagh tant dans la sphère touarègue que dans les milieux militants le popularise, mais il se heurte à la concurrence d’autres alphabets, arabe et latin, ainsi qu’à la question de sa propre académisation, autour de ses variantes anciennes ou modernes. C’est ainsi que, paradoxalement, certaines initiatives conduisent à introduire les neo-tifinagh kabyles comme solution moderne chez les Touaregs.

      Liste des principaux alphabets consonantiques

      Plus en usage

      Abjads ou alphabets consonantiques 

      Ces alphabets ne représentent que les consonnes seulement, ou les consonnes plus quelques voyelles

      avec parfois une indication de voyelle complète ( vocalisation ) qui peut être ajoutée généralement au moyen d’ diacritiques ,

      mais cela ne fait habituellement . La plupart des alphabets abjads , à l’exception de l’ougaritique , s’écrivent de droite à gauche .

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Alphabets abjad encore utilisés:

Eshmunazor II, roi deSidon (ve siècle) 
Détail du sarcophage d’Eshmunazor II, roi deSidon (ve siècle) ; son couvercle porte la plus longue inscription phénicienne d’époque perse connue.

Le abjad d’aujourd’hui sont les écritures arabes et juifs; alphabets au lieu vrai comprennent le
latin, cyrillique et l ‘Hangul coréen; et abugida sont utilisés pour écrire tigrinya, l ‘amharique, l ‘hindi et l ‘alphabet thaï.

Un alphabet consonantique, aussi appelé abjad, est un alphabet dont les graphèmes (unités de base) sont des consonnes. Les voyelles dans un alphabet consonantique sont implicitement dictées par la phonologie : le lecteur doit connaître la langue pour en rétablir toutes les voyelles.

Les alphabets consonantiques modernes, comme l’alphabet hébraïquearabe ou syriaque, descendent tous de l’alphabet phénicien ou araméen, eux-mêmes des descendants de l’alphabet protosinaïtique.

Tous les alphabets consonantiques connus s’écrivent de droite à gauche, à l’exception de l’alphabet ougaritique, qui s’écrit de gauche à droite. Cependant, certains alphabets consonantiques anciens comme le phénicien ou le protosinaïtique pouvaient s’écrire en boustrophédon.

Dans les langues sémitiques, on utilise un alphabet consonantique où les voyelles longues sont notées à l’aide des matres lectionis, mais pas les voyelles courtes. Bien qu’il existe des signes diacritiques qui notent les voyelles courtes — comme les nikkudot pour l’hébreu ou les ḥarakāt pour l’arabe —, leur utilisation est optionnelle et ils n’apparaissent que dans des cas restreints.

Dans les alphabets consonantiques, il est fréquent que les lettres changent plus ou moins de forme selon leur place dans le mot : une lettre en début, milieu et fin de mot n’a pas nécessairement la même graphie, c’est un cas de variante contextuelle.

La mère de tous les alphabets: l’alphabet phénicien

Les images élaborées des hiéroglyphes égyptiens et les marques complexes de roseaux enfoncées dans l’argile du cunéiforme mésopotamien étaient autrefois la façon dont les gens communiquaient par écrit. Peu à peu, ceux-ci ont été simplifiés en symboles de syllabes au lieu de symboles de mots, mais étaient encore assez intimidants et seuls quelques érudits ont appris à écrire.

Un alphabet (de alpha et bêta, les deux premières lettres de l’alphabet grec) est un système d’écriture constitué d’un ensemble de symboles dont chacun représente, par exemple, un des phonèmes d’une langue

Gold Phoenician alphabet
alphabet phénicien à gauche, alphabet étrusque à droite

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L’alphabet phénicien (appelé par convention alphabet protocananéen pour les inscriptions antérieures à 1200 av. J.-C.) est un ancien abjad, un alphabet consonantique nonpictographique.
Il était utilisé pour l’écriture du phénicien, une langue sémitique utilisée par la civilisation phénicienne. Il s’agit d’un abjad, car il ne note que les sons consonantiques (une mater lectionis fut utilisée pour certaines voyelles dans des variétés tardives).
L’alphabet phénicien est devenu l’un des systèmes d’écriture les plus utilisés, transmis par les marchands phéniciens dans le monde méditerranéen où il a évolué et a été assimilé par de nombreuses cultures.
L’alphabet araméen, une forme modifié du phénicien, est l’ancêtre de l’alphabet arabe moderne, tandis que l’alphabet hébreu est une variante stylistique de l’araméen.

Afficher l’image sourceL’alphabet grec (et par extension ses descendants, les alphabets latin, cyrillique et copte) est un successeur direct du phénicien, bien que la valeur de certaines lettres ait été changée pour représenter les voyelles.
Les lettres de l’alphabet phénicien étant à l’origine incisées avec un style, leur forme est anguleuse et droite, bien que des versions cursives soient de plus en plus attestées au fil du temps, culminant avec l’alphabet néo-punique d’Afrique du Nord.

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Le phénicien était généralement écrit de droite à gauche, bien que certains textes soient écrits en boustrophédon.

Boustrophédon — Wikipédia
Boustrophedon

Le boustrophédon désigne une écriture dont le sens de lecture alterne d’une ligne à l’autre, à la manière du bœuf marquant les sillons dans un champ, allant de droite à gauche puis de gauche à droite. Le terme vient de l’adverbe grec ancien βουστροφηδόν boustrophêdón, de βοῦς boũs « bœuf » et στροφή strophế « action de tourner ». Souvent, le ductus des lettres est également inversé en changeant de sens ; par exemple, la lettre Є tracée de gauche à droite deviendrait Э de droite à gauche.

Le boustrophédon a été principalement utilisé à des stades anciens d’écritures avant que celles-ci ne se fixent dans un sens précis : le grec, par exemple, s’est d’abord écrit de droite à gauche

 

 L’alphabet araméen

L’alphabet araméen est un ancien alphabet consonantique.

Cet alphabet est historiquement important car quasiment tous les alphabets moyen-orientaux modernes en descendent, ainsi que de nombreuses écritures non chinoises d’Asie du Centre et de l’Est, du fait de l’usage répandu de l’araméen comme langue véhiculaire et langue officielle de l’Empire néo-assyrien et de l’Empire achéménide. Parmi les écritures contemporaines, l’alphabet hébreu est le plus proche de l’alphabet araméen impérial du ve siècle av. J.-C., comportant les mêmes lettres et, pour la majeure partie, des formes identiques.

Un livre du XIe siècle en serto araméen
Un livre du XIe siècle en serto araméen

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Alphabet phénicien

L’alphabet paléo-hébraïque, utilisé pour écrire l’hébreu primitif, est un rejeton régional du phénicien ; il lui est quasiment identique. L’alphabet samaritain, utilisé par les Samaritains, est un descendant direct de l’alphabet paléo-hébraïque.
L’alphabet araméen, utilisé pour écrire l’araméen, est un autre descendant du phénicien. L’araméen étant lingua franca du Moyen Orient, il fut largement adopté. Il s’est par la suite divisé en plusieurs alphabets apparentés, dont les alphabets hébreu, syriaque et nabatéen, dont la forme cursive est un ancêtre de l’alphabet arabe.
L’alphabet copte, toujours utilisé en Égypte pour la langue liturgique copte (descendant de l’ancien égyptien) est principalement basé sur l’alphabet grec, avec l’ajout de quelques lettres pour des sons n’existant pas en grec à l’époque ; ces lettres sont basées sur le démotique.

 

 

 

Kadmos dragon Louvre E707.jpg
Cadmos et le dragon. Amphore à figures noires d’Eubée, v. -560–550. Musée du Louvre (E 707).

Selon Hérodote le prince phénicien Cadmos se voit attribuer l’introduction de l’alphabet phénicien [Hérodote, qui rapporte ce fait, estime que Cadmos a vécu environ 1600 ans avant lui, soit vers 2000 av. J.-C.] — φοινικήια γράμματα, phoinikếia grámmata, « lettres phéniciennes » — auprès des Grecs, qui l’adaptent pour créer leur propre alphabet. Hérodote estime que Cadmos a vécu 1600 ans avant son époque, soit vers 2000 av. J.-C. Les écrits d’Hérodote ne sont toutefois pas utilisés comme source standard par les historiens contemporains.
L’alphabet grec dérive toutefois de l’alphabet phénicien.
La phonologie du grec ancien étant différente de celle du phénicien, les Grecs modifient l’écriture phénicienne pour mieux rendre leur langue. Il est plus important en grec d’écrire les sons voyelles : le phénicien étant une langue sémitique, les mots sont basés sur des racines consonantales qui autorisent la suppression des voyelles sans perte de sens, une caractéristique absente du grec d’origine indo-européenne (à moins que les Phéniciens n’aient fait que suivre l’exemple des Égyptiens, qui n’écrivaient jamais les voyelles ; le cunéiforme akkadien, qui sert à écrire une langue sémitique proche, les indique systématiquement). Dans tous les cas, les Grecs adaptent les signes consonantaux phéniciens absents en grec : l’initiale phénicienne de chaque nom de lettre est supprimé et le signe prend la valeur de la voyelle suivante. Par exemple, ʾāleph, qui désigne un coup de glotte en phénicien, est réattribué à la voyelle /a/ ; he devient /e/, ḥet devient /eː/ (une voyelle longue), `ayin devient /o/ (car la pharyngalité altère la voyelle suivante), tandis que les deux semi-consonnes wau et yoddeviennent /u/ et /i/ (certains dialectes grecs, qui possèdent /h/ et /w/, continuent toutefois à utiliser les lettres phéniciennes pour ces consonnes).

 

L’écriture en Italie a une histoire singulière. Les premiers colons grecs, venus d’Eubée au début du VIIIe siècle avant J.-C., l’apportèrent dans leurs bagages et la transmirent aux Étrusques. L’alphabet étrusque connut alors un destin hors du commun : il fut adopté par la quasi-totalité des peuples de la Péninsule, notamment par les Latins, dont l’alphabet, dérivé de l’étrusque, est aujourd’hui le système d’écriture le plus répandu au monde.
L’alphabet latin dérive de l’alphabet étrusque, lui-même dérivant d’une forme d’alphabet grec utilisé dans les colonies d’Italie du Sud. L’origine de l’alphabet runique est contestée, les théories principales supposant qu’il a évolué de l’alphabet latin, d’un alphabet italique antérieur ou de l’alphabet grec. Les runes sont néanmoins clairement dérivées d’une ou plusieurs écritures qui remontent au bout du compte à l’alphabet phénicien.
L’alphabet cyrillique dérive quant à lui de l’alphabet grec.

L’adaptation phénicienne de l’alphabet rencontre un énorme succès et des variantes sont utilisées tout autour de la mer Méditerranée à partir du ixe siècle av. J.-C., donnant naissance aux écritures grecqueétrusqueanatoliennes et paléo-hispaniques. Ce succès est en partie dû à sa nature phonétique : le phénicien est la première écriture largement répandue où chaque son est représenté par un symbole. Ce système simple contraste avec les autres écritures de l’époque, comme le cunéiforme et les hiéroglyphes égyptiens, qui emploient de nombreux caractères complexes et sont d’apprentissage difficile.

Profitant de leur culture commerciale maritime, les marchands phéniciens diffusent l’alphabet en Afrique du Nord et en Europe. Des inscriptions phéniciennes ont été découvertes sur les sites archéologiques de plusieurs anciennes cités et colonies phéniciennes autour de la Méditerranée, comme Byblos et Carthage. Des trouvailles ultérieures indiquent un usage antérieur en Égypte.

L’alphabet phénicien a des effets à long terme sur la structure sociale des civilisations qui entrent en contact avec lui. Sa facilité d’apprentissage bouleverse le statut des écritures plus anciennes, connues et employées uniquement par les membres des hiérarchies royales et religieuses, qui les utilisent comme instruments de pouvoir et de contrôle de l’information14. L’apparition du phénicien détruit certaines divisions de classes, bien que de nombreux royaumes du Moyen Orient (AssyrieBabyloneAdiabène) continuent à utiliser le cunéiforme pour les sujets légaux et liturgiques jusque ap. J.-C.

Nom des lettres

Le nom des lettres phéniciennes n’est pas directement connu. On suppose que les Phéniciens utilisaient un système acrophonique  pour les nommer, c’est-à-dire que le nom de chacune débute par la lettre elle-même.
Ces noms sont essentiellement les mêmes que dans les scripts parents, qui à leur tour dérivent de la valeur des mots que les pictogrammes hiéroglyphiques à l’origine des caractères représentent.
Ces mots d’origine sont traduits depuis l’égyptien et le son initial de chaque mot traduit devient la valeur de chaque lettre

 

Graphème

Selon le type d’écriture, le graphème se réalise visuellement et phonétiquement de diverses manières. Voici un modèle théorique :

Le tableau suivant recense les 22 graphèmes qui constituent l’alphabet phénicien. Les formes de lettres présentées ici sont idéalisées : l’écriture phénicienne est en réalité plus brute et plus variable en apparence. Il existe également des variations significatives suivant l’époque et la région.
L’alphabet phénicien suit l’ordre levantin, qu’il transmet à ses descendants.

Le premier ordre alphabétique, déjà très proche du nôtre, est attesté à la fin de l’âge du bronze, avec le premier alphabet sémitique, celui d’Ougarit, un alphabet consonantique (abjad) en cunéiforme. Il s’est poursuivi dans un autre alphabet également consonantique sans lien pour la forme mais lié linguistiquement, celui du phénicien, d’où sont issus les principaux alphabets actuels : alphabet grec et ses avatars (alphabets gotique, cyrillique et latinen passant par l’étrusque), mais aussi alphabets araméen, syriaque, hébreu, arabe, etc.

La translittération suit les conventions habituelles pour les langues sémitiques. Les valeurs phonologiques sont données en alphabet phonétique international. Les consonnes emphatiques des langues sémitiques étant interprétées comme d’anciennes éjectives, elles sont ici analysées comme telles.
Le tableau présente également l’évolution des graphèmes phéniciens dans les autres alphabets. Leur valeur sonore a souvent changé de façon significative, soit à la création de ces alphabets, soit à cause de modifications dans la prononciation des langues.
Lorsque l’écriture alphabétique débute en Grèce, les graphèmes sont similaires à ceux des phéniciens, mais pas identiques ; des voyelles sont ajoutées car l’alphabet phénicien n’en contient aucune. Il existe également des variations distinctives entre les écritures des différentes parties de Grèce, principalement pour les caractères phéniciens qui ne possèdent pas de correspondance exacte pour les sons grecs.
L’alphabet ionien conduit à l’alphabet grec standard vers le ive siècle av. J.-C. ; un autre évolue vers l’alphabet latin, ce qui explique de nombreuses différences entre les deux. À l’occasion, les Phéniciens utilisent un court tiret ou un point comme séparateur entre les mots.
Certains alphabets ultérieurs rajoutent des lettres pour tenir compte de spécificités linguistiques. Les lettres grecques Υ, Φ, Χ, Ψ et Ω sont ajoutées après l’emprunt des lettres phéniciennes ; elles apparaissent d’ailleurs à la toute fin de l’alphabet grec.
L’alphabet arabe compte en plus les lettres ث, خ, ذ, ض, ظ et

L’ALPHABET GREC EST LE PERE de nos alphabets occidentaux : tous les alphabets en usage en Europe lui sont apparentés. Les Grecs, même s’ils n’ont pas à proprement parler inventé l’alphabet, ont donc joué un rôle capital dans le développement de la civilisation occidentale.
Le terme même d’ «alphabet» est issu de la combinaison du nom des premières lettres de cet ensemble de lettres qui servit à transcrire la langue grecque: alpha et beta. Le terme d’alphabetos n’est apparut que tardivement dans la langue grecque, après que le bas latin eut bricolé ce terme barbare. Les Grecs utilisaient pour désigner leurs lettres l’expression ta grammata.
L’écriture a d’abord été en Grèce, le fait des commerçants et des prêtres. Les premiers écrits en vers furent des chants religieux et des formules magiques, et les premiers écrits en prose, des contrats de prêt. Mais elle a également permis la fixation des textes littéraires les plus parfaits, qu’il s’agisse de «la grande houle» des vers d’Homère ou du flot paisible de la prose de Platon.
Son histoire n’est toutefois pas linéaire. L’alphabet grec tel que nous le connaissons aujourd’hui, est en effet le fruit d’une longue maturation qui a duré près de cinq siècles.

Du phénicien au grec

LA LANGUE d’Homère, de Platon, de Sophocle a été couchée par écrit non par le biais d’une invention grecque, mais par l’adaptation d’un système alphabétique né ailleurs sur les côtes méditerranéennes.
Les écritures grecques archaïques
Ce qui semble bien être le plus ancien exemple d’écriture en Grèce est constitué par des pictogrammes retrouvés en Crète et encore indéchiffrés. Il semble que cette écriture pictographique soit à l’origine d’un autre système d’écriture apparu en Crète au début du minoen moyen (entre approximativement 1750 et 1650 av. J-C), cette écriture n’a pas encore été déchiffrée, et l’on ignore même si la langue mise par écrit était un dialecte grec. Cette écriture cursive, dont la graphie repose essentiellement sur la composition de lignes, a été baptisé par l’archéologue Evans, Linéaire A. Elle a été employée sur tout le domaine de la mer Égée, Troie incluse, de 1700 à 1400. Elle utilise 76 signes syllabiques dont 6 différent du Linéaire B, de signes idéogrammiques et numériques, dont des fractions.

Toutes les formes d’alphabets grecs sont basées sur les 22 symboles de l’alphabet phénicien, à l’exception de la lettre Samech, dont l’équivalent grec xi (Ξ) n’est utilisé que par un sous-groupe d’alphabets, et avec l’ajout de l’upsilon (Υ) pour la voyelle /u, ū/.

Les alphabets locaux, appelés « épichoriques », diffèrent de plusieurs façons :

  • dans l’usage des symboles consonantiques ΧΦ et Ψ ;
  • dans celui des lettres nouvelles inventées pour représenter les voyelles longues (oméga et êta)
  • dans l’usage ou non de Η dans sa fonction originelle de consonne (/h/) ;
  • dans l’usage ou non de certaines lettres archaïques (digamma = /w/, koppa = /k/, san = /s/) ;
  • dans les détails des formes individuelles de chaque lettre.

Un peu plus tardivement (entre 1680 et 1580 env.), une nouvelle écriture se répand, le Linéaire B. Cette écriture cursive, utilisant 158 idéogrammes, 87 signes syllabiques, 11 signes de poids et de mesure, 5 signes numériques, fut déchiffrée par des Britanniques, Ventris et Chadwick en 1952, grâce aux techniques employées par l’Intelligence Service au cours de la Seconde Guerre mondiale pour décoder les messages de l’armée allemande. Il s’agit d’une écriture à la fois syllabique et idéographique. Cette écriture note une langue grecque mais ne survécut pas au déclin de la civilisation minoenne et aux invasions de la Crète et cessa donc d’être utilisée vers 1100.
L’île de Chypre connut également un système d’écriture, un syllabaire en usage jusque la période hellénistique (IIème siècle).
L’alphabet, une invention phénicienne
C’est donc plutôt du côté du Levant qu’il faut chercher l’origine de l’alphabet grec. L’ancien alphabet sémitique est d’abord un emprunt à la civilisation égyptienne. Le principe de fonctionnement de cette écriture pseudo-hiéroglyphique protocananéenne était celui de l’acrophonie: Chaque pictogramme symbolisait le tout premier son du mot sémitique représenté. Le signe de la maison, baytu représentait la « lettre » ‘B’. Or, dans toute langue sémitique, un mot ne peut commencer que par une consonne; un alphabet acrophonique ne peut donc qu’être consonnantique.

 

L’influence égyptienne n’est pas l’unique influence à laquelle le pays de Canaan était alors soumis.nscription
Le puissant royaume d’Akkadie s’étendait alors et sa civilisation se répandait avec au premier chef sa langue et son système d’écriture, le cunéiforme. Cette écriture a pour caractéristique d’être profondément liée à son support et à l’outil qui en assure la gravure. Sur des tablettes d’argile, de la pierre, une sorte de petit burin permettait de graver de petites encoches, des coins. Le système d’alphabet hiéroglyphique des Canaanéens fut transposé sur ces supports par ce type d’outils aux alentours du XIVème siècle avant J-C. Les principales traces de cette transposition sont celles laissées à Ugarit, l’actuel Ras Shamra, dont le fameux abécédaire à 30 signes cunéiformes est l’exemple le plus frappant.
Le cunéiforme disparu, l’alphabet linéaire poursuivit son évolution. Avant la fin du XIIème siècle avant J-C, l’alphabet classique de 22 lettres arrivait à maturité après un millénaire d’évolution depuis l’invention des hiéroglyphes. La graphie des lettres se stabilisait de même que le sens de la lecture qui se faisait désormais de droite à gauche. L’alphabet phénicien découpait la syllabe en unités simples, les consonnes, et négligeait les voyelles qui servaient à les prononcer. L’acquis décisif demeurait: l’utilisation d’un ensemble réduit de signes graphiques pour symboliser la langue articulée.
La problématique grecque
La langue grecque, qui appartient au groupe indo-européen comme le persan, le sanscrit et la plupart des langues européennes, offrait des particularités qui en rendaient la notation difficile, que ce fût par l’écriture syllabique crétoise ou par l’écriture alphabétique consonnantique phénicienne. En effet, la difficulté inhérente à toute écriture syllabique est de rendre la consonne isolée, non suivie d’une voyelle. Or les groupes de deux ou trois consonnes sont monnaie courante en grec.
D’autre part, un texte grec dont les voyelles ne sont pas notées est complètement inintelligible. Enfin le système des consonnes grecs semble avoir différé profondément aussi bien de celui de l’égéen, qui ne paraît pas avoir distingué les occlusives sonores des sourdes, que de celui du phénicien, qui ignorait les aspirées grecques, mais possédait en revanche plusieurs gutturales inconnues du grec et était plus riche que lui en chuintantes et en sifflantes.

L’élaboration des alphabets grecs

Les mutations de l’alphabet phénicien

Pragmatiques, les Grecs vont transformer l’alphabet phénicien en l’adaptant à leur langue. Dans un premier temps, ils affectèrent à certaines consonnes phéniciennes, des valeurs à peu près similaires dans leur langue. Ainsi, le signe du samek phénicien fut affecté à la consonne grecque de prononciation voisine ‘s’. Après de nombreuses modifications d’orientation, ce caractère se stabilisa sous la forme du sigma, ‘S’, tandis que le têt fut affecté à la notation du son th sous la forme du ‘Q’ et que le qof, q, servit à noter le k et reçut le nom de koppa (‘K’). Le zain sémitique, servit à noter le son grec dz sous la forme ‘Z’.

Mais l’invention la plus significative des Grecs constituera à attribuer à certaines lettres phéniciennes dont ils n’avaient pas l’usage la valeur de voyelles. C’est ainsi que naquirent le alpha (‘A’), l’epsilon (‘E’), l’omicron (‘O’) et l’upsilon (‘Y’). Pour la sonorité i, ils inventèrent ex nihilo une lettre, le iota. Cette «lumière des voyelles» pour reprendre l’expression d’Etiemble, c’est l’apport décisif que vont faire les Grecs à l’histoire de notre civilisation.

Une longue évolution
Au début les mots étaient écrits sans séparation; plus tard on les sépara les uns des autres. Dans le même ordre d’idée, les accents sont apparus progressivement dans l’alphabet grec. La langue grecque avait en effet cette particularité de posséder un accent musical qui se traduisait dans chaque mot par un changement de hauteur portant sur une des syllabes de ce mot. L’alphabet que les Grecs avaient hérité des Phéniciens ne tenant pas compte de telles nuances, les grammairiens alexandrin Aristophane de Byzance (ca -240) et son disciple Aristarque de Samothrace inventèrent les trois accents de l’écriture grecque: aigu, grave et circonflexe.
Jusqu’au VIème siècle, l’écriture grecque n’était pas encore stabilisée. Chaque cité grecque archaïque, traditionnellement jalouse de son indépendance, imposaient des graphies très différentes aux lettres. Ainsi, aux côtés de l’alphabet grec ionien, coexistaient différentes variantes de cet alphabet employés en Asie Mineure pour noter le grec et des dialectes locaux. Pour mémoire, il est possible ainsi de mentionner l’existence des alphabets phrygien, pamphylien, carien, lydien et lycien.

boustrophédon

De même le sens de lecture n’était pas encore définitivement fixé. On pratique ainsi le spéirédon (lecture en spirale), le stoïchédon (alignement horizontal et vertical des lettres) et le boustrophédon. Dans ce dernier système, le sens de lecture progressait à l’horizontale, alternativement dans un sens et dans le sens opposé, à la manière des bœufs au labour, revenant sur leurs pas à la fin de chaque sillon (bous: bœufs; strephein: tourner). Le boustrophédon constitue peut-être l’intermédiaire entre le sens phénicien, de droite à gauche, que les Grecs adoptèrent dans un premier temps et le sens ionien de gauche à droite.
Stabilisation de l’écriture grecque
L’année -403 marque un tournant décisif dans l’histoire de l’alphabet grec. En effet, sous l’archontat d’Euclide, Archinos fait adopter à Athènes une disposition stipulant que les textes des lois, consignés jusqu’alors dans l’alphabet local, seront réédités dans l’alphabet de Milet dit ionien, qui donnait sa préférence au sens gauche-droite. Les autres villes grecques, suivirent progressivement cet exemple, reconnaissant officiellement la supériorité de cet alphabet. Au IVème siècle, l’unification des alphabets grecs était à peu près réalisée. C’est un fait important dans l’histoire de la civilisation, car l’adoption de ce même type d’écriture coïncide approximativement avec la création d’une langue grecque commune, koiné dialektos, qui fut employé par tous les Héllènes ayant quelque culture, processus déterminant dans l’établissement du sentiment national grec.

Evolution de l’écriture grecque

LE DESSIN DES CAPITALES est fort simple et rigoureusement logique. Pour reprendre la théorie d’Alphonse Dain, chaque lettre est un assemblage d’éléments primitifs que sont le trait et le rond (I & O).
Avec un trait on obtient le iota (I) et avec deux traits inscrits dans un carré, on obtient le gamma (G), le lambda (L), le tau (T) et le chi (C). Avec trois traits, on obtient le delta (D), le Zêta (Z), le êta (H), le nu (N) et le pi (P) tandis qu’avec quatre traits on obtient l’epsilon (E), le mu (M), le sigma (S) et le xi (X) [La capitale archaïque du xi est traversée par une barre verticale].
Les lettres rondes sont l’omicron (O) et l’omega (W). En gravant au milieu du cercle un point ou une barre, on obtient le thêta (Q) et le phi (F). Enfin, le bêta est fait d’une barre et de deux moitiés de cercles (B) alors que le rhô ne présente qu’une panse supérieure (R).
L’intérêt d’une telle standardisation est pour Rémy Peignot, l’harmonie «quasi musicale (qui) naît du jeu rythmique des traits. (…) Dans l’assemblage des lettres, des notes en lignes et en page, le retour périodique de formes simples facilite la lecture; cela plaît à l’œil qui s’y retrouve».
De l’influence des supports sur le dessin des lettres

Toutefois, le dessin des lettres va se mettre à se redifférencier, cette fois en fonction du support d’écriture utilisé. L’écriture monumentale ou lapidaire, est celle que l’on va utiliser pour graver sur la pierre les documents officiels. De forme rectiligne et anguleuse, elle se distingue nettement des rondeurs de l’écriture des scribes maniant le calame. Dès le IVème siècle, l’écriture courante va être celle sur papyrus. Les Grecs ont en général, utilisé le papyrus de la même manière que les Egyptiens. A ses débuts, l’écriture sur papyrus était très proche de l’écriture épigraphique; appellée écriture scolaire, ses caractères ne sont pas liés entre eux, les mots ne sont pas séparés les uns des autres, les lettres E, S, W gardent leur forme anguleuse mais commencent à apparaître les formes arrondies dans les autres lettres. On ne laissait pas d’espace entre les mots et pour indiquer qu’on passait d’un sujet à un autre, on traçait un petit trait horizontal appelé paragraphos, qui signifie, «écrit sur le côté».
On écrivait en colonnes sur des bandes de parchemins ou de papyrus longues de six à neuf mètres et que l’on enroulait autour d’un bâton. Ces rouleaux prirent le nom de biblos du nom de la cité phénicienne qui fit connaître le papyrus aux Grecs. Un rouleau plus petit s’appelait biblion. Lorsque le rouleau faisait partie d’un ensemble on l’appelait tomos, c’est à dire la coupure.
Les écritures grecques médiévales
A côté de cette écriture fondamentale, d’autres genres se développèrent très rapidement. L’écriture calligraphique était proche du type scolaire mais le gabarit des caractères, leur écartement, leurs enjolivements étaient calculés de façon à produire une impression artistique; c’est l’écriture des manuscrits. Elle évitait les ligatures, ne séparait pas les mots et était appelée également onciale ou parfois biblique, par qu’on la retrouve dans les trois grands manuscrits bibliques que sont le Codex Vaticanus, le Codex Sinaiticus et le Codex Alexandrinus.
L’écriture cursive était l’écriture courante, ou étirée comme disaient les Grecs eux-mêmes. Plus rapide que l’onciale, elle se distingua nettement de sa parente à partir du IIIème siècle av J-C. Les traits essentiels de la cursive étaient d’une part, la tendance à lier entre eux les caractères d’écriture, dans la mesure où leurs formes s’y prêtaient, et à en simplifier le tracé, à le rendre plus coulant.
Entre les deux, il existait une écriture administrative dite de chancellerie qui se rapprochait de la cursive mais ses lettres étaient grandes, grêles et stylisées, et l’écriture personnelle, celle des gens d’une certaine culture.

Description de cette image, également commentée ci-après
Codex Sinaiticus Onciale 01 Par Auteur inconnu — Codex Sinaiticus, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10097597                                               Matthieu chapitre 6 versets 4 à 32

 

L’onciale évolua peu et subsista sous cette forme quand on substitua le parchemin au papyrus; elle resta le type même de librairie. La cursive subit elle une transformation radicale qui finit par aboutir à la minuscule.

Cette dernière a dégagé et précisé une des caractéristiques alors embryonnaire de l’écriture de chancellerie, à savoir le système des quatres lignes. Les lettres de l’écriture monumentale, comme celle de l’onciale et de notre capitale latine, sont en effet toutes de la même hauteur: on peut en délimiter leur tracé par deux lignes.
Au début du IVème siècle, la chancellerie impériale, désormais fixée à Constantinople, imposa la cursive byzantine qui subit l’influence de la cursive latine contemporaine, au point que les deux écritures pouvaient facilement se confondre. Cette nouvelle cursive a joué un rôle décisif lors de la véritable renaissance qu’a connue au VIIIème siècle l’Empire byzantin.

La nouvelle écriture grecque, celle qui est aujourd’hui encore employée tant pour les livres imprimés que dans la vie courante, la minuscule, s’est en effet formée à partir de la cursive: tout en gardant certaines ligatures usuelles et claires, elle a séparé les lettres, réintroduit, aux IXème et Xème siècles, certaines formes onciales, réduit la dimension des lettres et su allier à la clarté des onciales la fluidité et la rapidité des cursives; elle a conservé et régularisé l’usage des signes diacritiques, esprits et accents, introduits par les Alexandrins.

CONCLUSION

Alphabets prédominants nationaux et régionaux ou minoritaires sélectionnés Alphabétique : Latin Cyrillique Grec Arménien Géorgien Hangul (alphabétique distinctif[L]ogographique et [S]yllabique : Hanzi [L] Kana [S] / Kanji [L] Hanja[L] (limité) Abjad : Arabe Hébreu Abugida : Brahmique du Nord Brahmique du Sud Guèze Thaana Syllabaire canadien

Signe de civilisation

Les pierres écrites

Afficher l’image sourceLes plus anciens supports de l’écrit qui nous soient parvenus sont d’os, de terre cuite et de pierre – ce qui ne préjuge aucunement de l’emploi éventuel d’autres matières d’un emploi éphémère ou rapidement disparues, ce qui fait que nous ne saurons jamais rien des graphismes préhistoriques sur terre crue, peau, écorce ou sable, pour ne citer que ces exemples.

Les écritures sur pierre ont justifié la naissance d’une science particulière, l’épigraphie, dont les spécialistes travaillent à l’établissement d’importants corpus d’inscriptions – grecques, latines, gauloises, phéniciennes, puniques, égyptiennes, arabiques, méroïtiques, etc. – dont l’élaboration et la traduction sont toujours en cours, de même que, parfois encore, le déchiffrement des langues dans lesquelles elles sont rédigées. L’ancienneté générale de ces textes et la nature presque impérissable de leur support ont souvent incité un autre groupe de savants, ceux qui étudient les images rupestres, à rechercher dans leurs propres corpus l’origine des systèmes alphabétiques ou hiéroglyphiques apparus plus tard dans les mêmes régions, la quête d’une protoécriture leur paraissant d’autant plus légitime que ces images semblent avoir été souvent liées à des mythes – c’est-à-dire, étymologiquement, des muthoi, des « récits » même si le détail de ceux-ci nous échappe. Il ne s’agit pas ici d’identifier ce que Leroi-Gourhan appelait « mythogrammes », à savoir des agencements d’images rendant ces récits visibles – sinon lisibles.

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L’écriture indéchiffrable trouvée sur un rocher vieux de 6000 ans

 

 

L’art rupestre est le nom donné aux gravures réalisées dans les abris, les grottes, les murs, les plafonds rocheux et aussi sur les surfaces rocheuses en plein air, les plus anciennes datant du Paléolithique supérieur (40 000 av. J.-C.) gravées dans des lieux protégés par les actions de la nature

Les enquêtes montrent qu’à Paraíba au Brésil plus de deux cents sites archéologiques. Selon l’historien Mali Trevas, 180 sites archéologiques sont déjà répertoriés à Paraíba, dont beaucoup dans les municipalités de Boqueirão, Ingá, Campina Grande et Cabaceiras, entre autres dans la région de Cariri. Dans tout l’État, il doit y avoir 230 sites.

 

Pierre découverte à Bahreïn, probablement une écriture en ancien hittite
Symboles utilisés dans le Palais ELBA en Syrie

 

 

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